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Archives Mensuelles: octobre 2015

« La femme indépendante – et surtout l’intellectuelle qui pense sa situation – souffrira en tant que femelle d’un complexe d’infériorité; elle n’a pas les loisirs de consacrer à sa beauté des soins aussi attentifs que la coquette dont le seul souci est de séduire. Si elle a du mal à plaire c’est qu’elle n’est pas comme ses petites sœurs esclaves une pure volonté de plaire. Elle parle au lieu d’écouter, elle étale des pensées subites, elle contredit son interlocuteur au lieu de l’approuver, elle essaie de prendre le dessus sur lui. »

– Simone grugru de Beauvoir

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« On arrivait à l’appartement, on déballait d’abord les victuailles; la terrine cuirassée d’une croûte brune, crevassée, tellurique, des saucisses confites en cocotte épaisse la veille même du grand saut ferroviaire vers la capitale, un rôti, court et large, trapu, que l’on mangerait très vite, dès le lendemain, le tenace saint-nectaire, un pot de gelée de coing, nectar trop tardif pour être incorporé aux livraisons de rentrée, début septembre, et l’immarcescible cake aux raisins, luisant et jaune. Nourrir le père à Paris était une affaire singulière et cet apport rassurait tout le monde; on aurait de quoi. Claire devait composer avec l’incontournable besoin paternel de s’écarter le moins possible des solides habitudes qui visaient à détourner de lui les embarras gastriques dont il était affligé depuis la cinquantaine. Ile ne s’agissait pas de tomber malade à Paris où l’on était pas chez soi. »

– Les pays, Marie-Hélène Lafon

Salut les amibes,

C’est la crise: je suis devenu comme MAMAN (vous aussi?).

Afin de vous introduire la problématique je souhaiterais vous parler du foyer dans lequel j’ai grandi. Les méthodes éducatives s’articulaient autour de deux axes principaux:

  1. Lutte contre la malbouffe
  2. Lutte contre la misère intellectuelle

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C’était ma tendre mère qui était respo interdits alimentaires. Suite à la lecture d’un article dans 60 millions de consommateurs, elle avait découvert que les produits Nestlé que nous affectionnions tant, c’était de la merde. En réaction elle avait entrepris d’éliminer méthodiquement toute trace de nourriture industrielle de notre alimentation quotidienne. Et avec une portée de trois marcassins assoiffés de sucre, autant vous dire que la transition ne s’était pas faite dans le calme et la détente. Adios amigos le lait concentré, le crunch, le chocolat en poudre Nesquik (R.I.P. 😦 ), les corn flakes Kellogg’s, les bonbons Haribo, les sodas, les Pim’s et le St Môret (je sais que vous vous demandez avec angoisse : « et le Nutella ??? » mais vous pouvez desserrer les fesses : il a été exclu de la purge afin d’acheter la paix sociale). Peu de temps après, il y a eu le scandale de la vache folle, et nous avons eu interdiction absolue de manger de la viande de bœuf et de fréquenter ces lieux de perdition que sont mcdo et buffalo grill. En parallèle, Mère tentait de diversifier nos apports nutritionnels en dédiant son existence a la cuisine et en introduisant dans nos assiettes des fruits & légumes variés : nous les qualifions unanimement de « dégueulasses ». Je ne rêvais que d’une chose : la liberté financière pour faire une razzia de kinder bueno au supermarché du coin.

Le padré, lui, était plus focus « censure intellectuelle ». J’adore entendre les gens raconter les magazines de leur enfance (ceux qui avaient accès a Elle ou Biba via la table basse du salon me paraissent délicieusement exotiques). Chez nous il y avait Télérama, le Monde diplomatique, le Canard enchainé, Charlie hebdo, le Monde libertaire et c’était tout. Il était hors de question de se polluer le cerveau avec des conneries et j’étais donc FASCINÉ par les magazines interdits. Comme Paris match. (je le lisais avec des frissons d’angoisse dans la salle d’attente du dentiste tandis que le père se faisait détartrer les molaires). Au niveau des livres, étonnamment, pas de censure (ce qui faisait que je lisais tout et n’importe quoi) (mais c’est une autre histoire). A sa décharge il faut dire que le padré n’avait pas le temps d’être sur tous les fronts car le grand combat de sa vie, c’était la Télévision. Nous passions notre vie à vouloir la regarder : il passait sa vie à exercer son droit de véto. La liste des programmes interdits était tellement longue que je vous l’épargne, mais les lignes directrices de sa politique étaient simples :

  • Interdiction de zapper sur TF1 ou M6 (à cette époque D8 n’existait pas, dieu merci pour lui)
  • Interdiction de se mettre dans le canap pour regarder la télé le matin avant d’aller à l’école ou le soir après 20h30
  • Interdiction de regarder Batman, les Simpson et les Tortues ninja (justification : « c’est violent, grossier et mal dessiné » (vous noterez le « mal dessiné » qui me plonge toujours dans des abimes de perplexité vingt ans plus tard)).

Et puis il y avait les interdits « bonus », qui allaient et venaient au gré des saisons et des modes. La fête d’Halloween, par exemple, n’a jamais bougé de la liste noire depuis son introduction en 1999. Idem pour la chanson « cette soirée là » de Yannick dont les paroles étaient considérées dangereuses pour de jeunes esprits malléables (toi-même tu sais pourquoi).

Pourquoi je vous parle de tout ça? (hein ouai Ginette? pourquoi?)

Parce que je m’étais juré de ne pas devenir comme mes géniteurs (comme tous les enfants pénibles, je suppose…) et que ça a lamentablement foiré. J’imaginais ma vie d’adulte comme une succession de paquets de chips au bacon engloutis en slip devant la télé (sans aucun souci pour les miettes), mais la vérité, c’est que quand j’ai été enfin libre de le faire j’ai trouvé ça 10x moins rigolo que prévu.

hihi

Résultat: je mange bio, je fais du sport, je fais caca à heure fixe, je ne regarde plus la télé (sinon je me retrouve direct à hurler devant le poste comme Père car a) un homme politique a dit une connerie et le journaliste ne l’a pas corrigé b) il y a eu une pub débile c) les commentateurs sportifs ne font pas leur boulot d) Benjamin Castaldi a fait une apparition ETC ETC), je lave mes draps toutes les semaines et je porte des pantalons en velours cotelé… On a vu plus rock’n’roll.

« L’appartement de renardbis a subi un dégât des eaux! Cause encore inconnue mais la fuite vient de l’étage supérieur et le plafond s’est effondré en partie. Je reste sur Paris pour le moment en attendant que tout soit réglé. Le futon est trempé et irrécupérable et l’assurance va devoir intervenir. J’ai vu mamie et la tante, elles vont bien! Bisous 🙂 »

« Je n’ai rien fouiné! En accord avec lui je devais l’aider à faire un peu le ménage et laver les housses! Si je n’étais pas passée, il y aurait eu une bien plus grande catastrophe! »

– SMS de renard-mère

Salut les culottes,

L’autre jour je me liquéfiais d’ennui au milieu de l’open space quand ma journée a été sauvée par cet article merveilleux de Pierre Barthélémy [interlude agressif : si vous n’êtes pas des lecteurs assidus du blog passeur de sciences vous n’êtes que de petits cacas séchés]. En gros pour ceux qui auront la flemme de cliquer sur le lien: des scientifiques qui n’avaient que ça à foutre de leur vie se sont amusés à étudier le comportement d’un groupe de fourmis sur une période de 3 semaines. Et figurez-vous qu’ils ont découvert que contrairement aux idées reçues à leur sujet, ces bestioles ne sont pas des stakhanovistes du travail:

« Sur les 225 insectes suivis, quatre grandes catégories sont apparues : celle des puéricultrices (34 fourmis), celle des ouvrières travaillant hors du nid (26), celle des généralistes faisant un peu de tout (62) et enfin celle des oisives (103 !) ne faisant rien de leur temps ou presque, quelle que fût la période du jour ou de la nuit où on les observait. […] Les fourmis oisives ayant moins d’interactions avec les autres, elles pourraient tout simplement ne pas être au courant que du travail les attend ou, plus subtil, faire en sorte… de l’éviter. »

Les plus chipoteurs d’entre vous souligneront avec indélicatesse que l’article ne précise pas comment les fourmis oisives arrivent à se maintenir en vie malgré le fait qu’elles ne déplacent pas le moindre coussinet pour participer au travail collectif du vivarium. J’ai envie de vous répondre : on s’en fout! Quel bel éloge de la glandouille!

Je ne sais pas vous mais moi je suis très anti-travail (j’attends avec impatience le jour où quelqu’un se présentera à la présidentielle avec pour slogan travailler moins pour gagner plus). Je ne comprends pas très bien le concept de « faire carrière » en fait (je trouve la perspective très ennuyeuse).

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Le premier souci avec le travail, c’est que tout le monde nous répète à longueur de journée qu’il est CRUCIAL de faire quelque chose qui nous plait et nous correspond. ça, ça me rend franchement perplexe. Je ne nie pas les avantages évidents qu’il y a à faire un métier qui nous passionne mais j’aimerais bien qu’on m’explique comment il est mathématiquement possible que TOUT LE MONDE trouve chaussure à son pied (parce que jusqu’à preuve du contraire il y a plus de candidats pour le poste de maitre du monde que pour celui de dame pipi). (il y a un article de wait but why qui résume bien le problème: il est long donc je ne le développe pas ici mais il est vraiment intéressant donc je vous en recommande chaudement la lecture. Le titre: « why generation Y yuppies are unhappy? »)

Outre le manque de places dispo, le problème avec les métiers cool de la fesse, c’est aussi qu’ils se sont sacrément paupérisés ces dernières années. Prenez le journalisme par exemple: vous rêviez de faire de l’investigation pour aller récupérer avec vos petites dents les 600 milliards qui manquent à la France et vous vous retrouvez à écrire des brèves sur les bas de contention dans Femme Actuelle pour un salaire de misère (on parle souvent de « creative class » pour décrire ces boulots a priori intellectuellement intéressants mais aussi super mal payés et sans couverture sociale).

Donc comme dirait Marilyn Monroe: « une carrière, c’est fantastique, mais on ne peut pas se blottir contre elle la nuit quand on a froid » (surtout quand on est payé 400 euros par mois).

D’autant que selon mon humble avis ça n’a aucun sens de se casser le cul à essayer de décrocher un travail-passion si au final on a des horaires de travail impossibles. Genre dans ce lénifiant article du tout autant lénifiant Café Mode on apprend que Pierre Banchereau, 36 ans, a tout plaqué pour vivre de sa passion (être fleuriste)… et travailler entre 18 et 20h par jour. Mais que c’est pas grave car il adôre son métier (si vous êtes forts en calcul mental vous noterez que cette personne ne dispose en moyenne que de 5 heures par jour pour faire caca, dormir et gratter le dos de son chat. C’est pas beaucoup).

10407995_10153528222099610_2269427402747908367_nA la fin de ses mémoires, Simone de Beauvoir écrit:

« Je revois la haie de noisetiers que le vent bousculait et les promesses dont j’affolais mon cœur quand je contemplais cette mine d’or à mes pieds, toute une vie à vivre. Elles ont été tenues. Cependant, tournant un regard incrédule vers cette crédule adolescente, je mesure avec stupeur à quel point j’ai été flouée. »

Beaucoup de gens ont glosé sur ce passage mais si je peux me permettre mon humble analyse de renardeau, il me semble que Simone B a eu un coup de stress à la fin de sa vie car elle a réalisé qu’elle avait dilapidé son temps à trop travailler.

En Suède, à Göteborg, la municipalité a décidé de mettre en place des journées de travail de 6h. Je vous propose que tous ensemble, nous luttions afin que ce noble projet fasse des émules en France 😀

 

flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap flap fla PUTAIN RODRIGO C’EST L’HEURE DE LA SIESTE

flap ?

TU NOUS FATIGUES AVEC CE BRUIT

j’essaye de dormir mamie. toi aussi tu fais du bruit quand tu dors.

 

flap

 

j’arrive pas à dormir

mamie

 

je m’ennuie j’arrive pas à dormir

IL EST QUINZE HEURES

C’EST L’HEURE DE LA SIESTE

TOUS LES ÉLÉPHANTS DORMENT DANS LA SAVANE

C’EST LA RÈGLE

 

mais mamie

 

mamie ça me gratte la fesse

mamie stp gratte moi la fesse ?

5 MINUTES PAS PLUS

ENSUITE TU DORS

 

 

j’aime quand tu me grattes la fesse

mamie

 

OUI

est-ce que les crotales se font aussi gratter la fesse pendant la sieste ?

NON

pourquoi

CAR CE SONT DES REPTILES

et les scorpions les scorpions eux ils se font gratter la fesse ?

TU M’AS L’AIR BIEN EN FORME POUR QUELQU’UN QUI NE VOULAIT PAS FINIR SON COCOTIER TOUT A L’HEURE

TU SAIS QUE MA PATIENCE A DES LIMITES

 

SI TU CONTINUES J’APPELLE TON PÈRE

non mamie non s’il te plait je suis sage là

je dors

tu vois je dors