Salut les femmes enceintes,
Aujourd’hui je suis content car c’est le retour des listes de livres (je sais que ça vous avait manqué).
(pour fêter ça, une photo floue & mal cadrée en direct-live de ma bibliothèque)
Ces derniers temps j’ai lu et aimé:
BD écrite par Antonio Altarriba au sujet de son père, qui s’est suicidé, en maison de retraite, à l’âge de 90 ans, en sautant par la fenêtre du 4e étage (père qui, on le notera, s’appelait aussi Antonio Altarriba. je trouve que c’est pratique cette idée d’avoir le même prénom que son fils. si j’ai des gosses c’est évident que je les appellerai tous renardeau: renardeau 1, renardeau 2, renardeau 3 etc). Oui donc le truc plutôt intéressant avec Antonio Altarriba père, c’est qu’il a vécu à peu près tous les événements marquants du XXe siècle: la guerre d’Espagne, les camps de réfugiés en France, la seconde guerre mondiale, la dictature franquiste. Et le bouquin, tout naturellement, retrace toutes les étapes de sa vie, en les reliant aux événements historiques que je viens de citer.
Alors il faut que je vous prévienne: ce n »est pas la BD la plus joyeuse de la terre (la vie d’Antonio Altarriba père est ponctuée d’échecs et de désillusions). Mais c’est un ouvrage qui a le mérite d’éclairer de manière très simple et très limpide les raisons profondes pour lesquelles l’Espagne est au bord de la crise de nerfs en ce moment avec cette histoire de Catalogne (en gros tout un tas d’hommes, comme Antonio Altarriba, ont dû taire toute leur vie leur engagement passé en faveur du communisme ou de l’anarchisme pour réussir à survivre dans l’Espagne de Franco. Forcément, cette absence de reconnaissance des souffrances passéss laisse des traces, à l’échelle d’un pays).
Il y a de ça quelques semaines, je me suis retrouvé tout seul dans une grande ville en sortant d’un train, avec 2h de temps à tuer avant que quelqu’un vienne enfin me chercher (c’est l’histoire de ma vie). Et comme il faisait froid à se geler les couilles, j’ai fait ce que tout renard sensé fait dans ces cas-là: je suis aller zoner à la fnac. Mon objectif principal était évidemment de me réchauffer, mais j’avais également un objectif alternatif, à savoir, voler un carnet moleskine (oh ça va hein, qui n’a jamais volé un carnet moleskine à la fnac?) (en + j’en avais grave besoin pour me faire des to-do lists). Bref, mais comme je suis un renard prudent, je me suis dit qu’il fallait que j’achète un bouquin pour brouiller les pistes (rapport au vol du carnet moleskine). Je me suis donc dirigé vers le rayon BD, et c’est comme ça que je suis tombé sur Spinning.
Je suis très content d’avoir acheté cette BD, même si ce n’est pas du tout le genre de chose que je lis d’habitude, car c’est un livre qui parle de deux thèmes qui m’intéressent et qui ne sont usuellement jamais traités ensemble: l’adolescence et le patinage.
A ce moment-là de l’histoire, il faut que je vous fasse un aveu: quand j’étais un jeune renardeau, je faisais de la danse sur glace. Je crois d’ailleurs que c’est à cause de cette histoire de danse sur glace que j’ai développé une aversion importante pour tout ce qui touche au maquillage et que c’est pour ça que maintenant je mors les fesses des blogueuses mode. Ma vie au patin a été une succession d’échecs. Déjà il faut dire que je n’étais pas aidé par la nature parce ma génitrice n’en avait rien à battre de la fougère du patin. J’ai retrouvé une photo d’un gala qui datait d’au moins 1996 – gala qui avait pour thème « les aristochats ». On y voit une rangée de mignonnes petites filles déguisées en mignons petits chats, moustaches élégamment dessinées par leurs mamans avec du crayon noir. Et, au milieu, RENARDEAU. Renardeau qui n’a pas de moustache, mais un immonde grabouillage dégueu sur le museau qui le fait ressembler à un pédophile de 67 ans, rapport au fait qu’il a dû se maquiller tout seul (je me rappelle de ce jour comme si c’était hier: renard-mère avait refusé de me maquiller parce qu’il trouvait que c’était dégradant pour l’image de la femme). Au patin, j’étais donc moche, mais en plus il y avait les compètes. Je détestais les compètes, l’odeur des vestiaires, les cris hypocrites qu’il fallait pousser pour encourager les autres, les envois de peluches sur la glace à la fin de la prestation de chacune, les petits bouts de neige que notre prof nous collait dans le dos juste avant notre entrée en piste pour nous réveiller, et qui nous dégoulinaient jusqu’aux fesses, les tuniques moches qu’on devait porter (avec interdiction de mettre une culotte en dessous parce que sinon ça faisait des plis), l’odeur de la laque, les épingles à chignon qui faisaient mal à la tête, les patins neufs qui faisaient mal au pied de fou (j’ai retrouvé une ancienne paire qui avait encore des traces de SANG à l’intérieur), les remarques de notre prof (« renardeau, tu ressembles à un poireau dans le vent quand tu patines ». « et la musique, c’est pour les cochons?!? »), les meufs persuadées qu’elles allaient devenir championnes olympiques alors que maintenant elles sont secrétaires médicales et qu’elles ont épousé un dentiste… BREF: lire le livre de Tillie Walden (qui est un récit autobiographique: elle y raconte ses années lycée en sport-études et comment elle a pris la décision d’arrêter le haut niveau) m’a rappelé tout un tas de choses, et ça m’a bizarrement fait du bien. Je me suis dit: « quelqu’un a eu les couilles de parler de tout ça », j’ai refermé le bouquin avec un sentiment de travail accompli, et je suis allé manger du beurre de cacahuètes.
J’avais entendu parler de la sortie du dernier livre en date de Philip Pullman mais je ne voulais pas le lire parce que je garde dans mon cœur un souvenir trop ému des royaumes du nord et que j’avais peur que ce nouvel opus fasse tout foirer. Bon, après il se trouve que quelqu’un m’a offert ce bouquin (et je lis toujours les bouquins qu’on m’offre). Hé bah figurez-vous que cette lecture a vraiment été la bonne surprise du mois de février. C’est vraiment le livre idéal à lire par temps pluvieux et froid, quand vous vous sentez déprimé et que vous avez besoin de réconfort. je ne vous en dis pas plus, mais si vous êtes à la recherche d’une bonne fan fiction bien régressive de base, alors ce livre sera pour vous.
Sur ce j’espère que vous regardez les jeux olympiques (moi j’ai pris comme résolution 2018 de devenir top grugru comme martin fourcade)