Salut les unicellulaires,
Aujourd’hui, rentrée littéraire ! whoop whoop
Est-ce que vous êtes contents que ça soit la rentrée ? Moi non (on va encore se farcir des lookbooks back to school et autres vidéos à la con du genre « comment s’organiser pour bien travailler » de la part de personnes dont le QI dépasse à peine celui d’un hamster). Pour survivre, voici donc une liste de livres :
« – Finn avait l’air de se ficher du fait qu’il allait bientôt mourir, ai-je dit.
Et c’était la vérité. Finn était d’un calme olympien jusqu’au bout, jusqu’à la dernière fois où je l’ai vu.
– Eh oui. C’est ça le secret. Si l’on s’assure d’être toujours exactement celui qu’on veut être, si l’on fait en sorte de ne connaitre que les personnes les plus formidables, alors peu importe de mourir demain.
– Ça n’a pas de sens ! Si on était aussi heureux, on voudrait rester en vie, non ? On voudrait vivre pour toujours, pour continuer d’être heureux…
J’ai tendu la main pour faire tomber la cendre de ma cigarette dans une jolie petite assiette en poterie que Toby utilisait en guise de cendrier.
– Non, non. Ce sont les gens les plus malheureux qui veulent vivre éternellement parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas fait tout ce qu’ils voulaient. Ils pensent qu’ils n’ont pas eu assez de temps. Ils ont l’impression d’avoir été arnaqués. »
Je sais pas vous mais moi en ce moment, je suis dans ma période « young adult » du coup je me farcis tout un tas de romans d’apprentissage de qualité variable parlant grosso merdo de l’adolescence. C’est comme ça que je suis tombé sur ce bouquin. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre – la quatrième de couverture insiste lourdement sur la dimension « sida et années 80 » de l’intrigue ; or moi le sida, ce n’est pas ma passion (n’hésitez pas à élire cette phrase dans la catégorie « top débile de 2016 »). Bref bon mais en fait ce livre est vachement bien. J’ai même un peu pleuré vers la fin tellement j’ai un cœur de midinette. Il aborde plein de thèmes qu’on ne croise pas dans ce genre de littérature d’habitude, comme : l’amitié avec quelqu’un de plus âgé que soi, l’attraction-répulsion entre sœurs, le fait d’être amoureux d’une personne dont on a pas le droit d’être amoureux, l’usage qu’on doit faire de son talent si on en a un (faut-il forcément réaliser de grandes choses si on nous en offre l’opportunité ? est-ce que c’est ça qui nous rend heureux dans la vie ?).
« Faisons le point. Quelques millions d’hommes vivaient dans une immense bâtisse sans porte ni fenêtre. D’innombrables lampes à huile rivalisaient de leur maigre lumière avec les ténèbres qui régnaient en permanence. Comme il était d’usage, depuis la plus sage Antiquité, leur entretien incombait aux pauvres, aussi le cours de l’huile épousait-il fidèlement le cours sinueux de la révolte et de l’accalmie. Un jour une insurrection générale éclata, la plus violente que ce peuple eût connue. Les meneurs exigeaient une juste répartition des frais d’éclairage ; un grand nombre de révolutionnaires revendiquaient la gratuité de ce qu’ils appelaient un service d’utilité publique ; quelques extrémistes allaient jusqu’à réclamer la destruction d’une demeure prétendue insalubre et inadaptée à la vie commune. Selon la coutume, les plus raisonnables se trouvèrent désarmés devant la brutalité des combats. Au cours d’un engagement particulièrement vif avec les forces de l’ordre, un boulet mal dirigé creva dans le mur d’enceinte une brèche par où la lumière du jour se coula. Le premier moment de stupeur passé, cet afflux de lumière fut salué par des cris de victoire. La solution était là : il suffisait désormais d’aménager d’autres brèches. Les lampes furent mises au rebut ou rangées dans les musées, le pouvoir échut aux perceurs de fenêtres. On oublia les partisans d’une destruction radicale et même leur liquidation discrète passa, semble-il, inaperçue. (On se querellait sur le nombre et l’emplacement des fenêtres). Puis leurs noms revinrent en mémoire, un siècle ou deux plus tard, alors que, accoutumé à voir de larges baies vitrées, le peuple, éternel mécontent, s’était mis à poser d’extravagantes questions. « Trainer ses jours dans une serre climatisée, est-ce une vie ? » demandait-il. »
Tiens c’est marrant quand j’étais petit avec les autres renardeaux de ma portée on trouvait que le prénom « Raoul » était le plus top rigolo de la terre. Il suffisait de prononcer « Raoul » devant nous pour que nous nous roulions par terre tels des vers de terre ricanants. Je me rappelle d’ailleurs d’un jour où le Père avait invité à diner un collègue de travail qui s’appelait Raoul, et où nous avions passé le repas à hurler « RAOUL CROTTE CROTTE » en gloussant sous les regards consternés de nos géniteurs (est-ce que vous aussi, vos enfants sont bêtes ? je propose d’ouvrir une consultation publique à ce sujet). Du coup je trouve qu’il y a quelque chose d’ironique dans le fait de vous recommander un livre écrit par RAOUL VANEIGEM 20 ans plus tard.
Alors Raoul… Raoul mérite que vous vous intéressiez à lui car il a fait partie de l’Internationale situationniste, ce qui est déjà un exploit en soi car il était super difficile de rentrer dans ce groupe et qu’en plus, plus le temps avançait et plus ils viraient des membres. Le traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations est un peu la bible de poche des wanabe situationnistes, parce que dedans toutes les idées de ce mouvement y sont développées. Comme le fait que le travail devrait être aboli. Que le militantisme (sous toutes ses formes, que vous soyez végan, fan de Marine Le Pen ou féministe hardcore) pue du slip. Qu’il existe une nouvelle pauvreté, qui se dissimule sous l’abondance des marchandises (pensez deux minutes aux blogs de mode et aux chaînes beauté). Que la révolution se fait surtout dans les actions de la vie quotidienne. Et que le plus important dans la vie, c’est de tout critiquer (d’ailleurs si vous êtes un vrai situationniste et pas une petite bite, vous vous devez de critiquer les situationnistes). Bon alors je ne vais pas vous mentir : ce livre n’est pas une partie de plaisir à déchiffrer. Je dirais que c’est pour les yogis confirmés quoi. Mais comme pour beaucoup de choses dans la vie, cette lecture fait partie des plaisirs subtils qui nécessitent qu’on y revienne plusieurs fois, par petites touches, pour être sensible à ses charmes (vous avez reconnu que l’extrait cité ci-dessus parle de Nuit Debout ?)
J’avoue que la transition de Raoul à So Foot est des plus hasardeuses, mais je tente le coup. Je vous vois hausser un sourcil méprisant depuis votre canapé et j’ai envie de vous dire : halte là hein. J’ai découvert So Foot dans les wc (comme beaucoup de bonnes lectures). J’étais tombé sur un article sur le foot algérien (et aussi sur la page filles à poil) et je m’étais dit : ce journal est TROP COOL. Du coup je me suis abonné, et j’ai reçu le premier numéro juste après l’Euro. Je conseille cette lecture pour toutes les personnes souffrant de constipation !