« Je sens le moment venu de te dire, longuement, que selon moi, tu te conduis comme une merde. Je n’affirme pas beaucoup de choses parce que je ne suis jamais tout à fait sûr que l’idée inverse n’est pas aussi juste, mais, si j’affirme que tu es une merde, c’est qu’ il n’y a pas de place pour le doute sur ce point.
L’idée que les hommes sont égaux est théorique chez toi, elle n’est pas ressentie, c’est pourquoi tu ne parviens pas à aimer qui que ce soit, ni à aider qui que ce soit, autrement qu’en jetant quelques billets sur la table. Amateur de gestes et de déclarations spectaculaires, hautain et péremptoire, tu es toujours installé sur ton socle, indifférent aux autres, incapable de consacrer quelques heures désintéressées pour aider quelqu’un. Entre ton intérêt pour les masses et ton narcissisme, il n’y a place pour rien ni pour personne. Il te faut jouer un rôle et que ce rôle soit prestigieux ; j’ai toujours eu l’impression que les vrais militants sont comme des femmes de ménages, travail ingrat, quotidien, nécessaire. Toi, c’est quatre minutes d’apparition, le temps de laisser se déclencher les flashes, deux, trois phrases bien surprenantes et disparition, retour au mystère avantageux. Au contraire de toi, il y a les petits hommes, qui demandent aux autres de leurs nouvelles, les aident à remplir une feuille de sécurité sociale, répondent aux lettres, ils ont en commun de s’oublier facilement et surtout de s’intéresser d’avantage à ce qu’ils font qu’à ce qu’ils sont et qu’à ce qu’ils paraissent. »
– Lettre jubilatoire de Truffaut à Godard
Salut les crustacés,
Je ne sais pas vous, mais moi, il y a plusieurs choses que j’aurais aimé savoir plus tôt dans la vie. Comme par exemple:
1) QUE LES ÉPILATEURS ÉLECTRIQUES FONT MAL
Je me suis toujours rasé les poils à l’aide d’un rasoir jetable des plus modestes, mais avec le temps et mes lectures ennuyées de Femme Actuelle dans la salle d’attente du dentiste mon mode épilatoire est devenu source de culpabilité.
Car il parait que les femelles accomplies ne se rasent pas avec un vil rasoir, mais à l’aide d’un épilateur électrique. Les femelles accomplies sont ainsi épilées à la perfection 24h sur 24, 7 jours sur 7, et ce sans souffrir aucunement n’est-ce pas car nous vivons au XXIe siècle et que désormais les épilateurs ne défoncent plus la peau tels des tractopelles.
Hé bien ça mes enfants, c’est un VIL MENSONGE.
Les épilateurs électriques font mal. Tous (même celui qui va sous l’eau pour pouvoir s’arracher les poils en toute décontraction dans son bain parfumé).
Les épilateurs électriques donnent des boutons rouges de gros sale qui font que vos jambes soigneusement préparées pour la plage ressemblent à des pustules fistulantes.
Et enfin, je n’ose croire qu’il y a des débiles parmi nous qui ont essayé, mais il me parait physiquement impossible de s’épiler le maillot à l’aide d’un épilateur électrique, sous peine de castration immédiate.
Écoutez vos mères. Ne vous rasez pas. Utilisez un rasoir jetable.
2) QUE LES BLOGUEUSES MODE MENTENT
Ouai je sais il fallait pas sortir de Saint-Cyr pour parvenir à cette conclusion lumineuse, mais fut une époque où j’étais jeune et innocent, et où j’achetais des vêtements après les avoir vus en photo sur des blogs de mode (ne me jugez pas, je suis un caca…).
Un jour, je me suis procuré ce PULL RUINEUX. N’a-il pas l’air à la fois classe, douillet et parfaitement adapté à la vie dans les sous-bois?
La vérité (ouai quand je suis énervé je commence mes phrases comme Nicolas Sarkozy), c’est que ce pull n’était en fait qu’une affreuse cote de maille. Quand je l’ai reçu j’ai glapi d’effroi car il n’était pas du tout gris comme cette photo surexposée le suggère, mais incrusté de fils dorés du plus mauvais gout. Je l’ai quand même enfilé pour aller au travail car sur un malentendu ça peut marcher et que rien ne se perd tout se transforme. Mais ce putain de pull me grattait comme si j’étais un eczéma géant. Et bien que je l’aie pris en M il était trop petit (ce qui me forçait à me ratatiner pour essayer de faire oublier qu’on voyait mon nombril).
Mes collègues ont ricané.
3) QUE LES CHEVEUX BOUCLÉS NE SE PEIGNENT PAS
Je ne sais pas vous mais la phrase que j’ai dû le plus entendre dans ma vie, c’est « va te coiffer ». Alors il est vrai que je suis un renardeau plutôt en pétard, mais il n’y a rien de plus FAUX que de conseiller à un poil bouclé de passer sous la brosse pour devenir présentable.
Il faut se peigner à l’aide d’un peigne en bois à grosses dents, ou avec les doigts (comment vous croyez qu’ils faisaient à la préhistoire? Autant vous dire que personne n’avait de brosse en plastique). Pas plus d’une fois par semaine. Et toujours avant la douche (pas une fois que les cheveux sont mouillés car ça les CASSE, j’espère je vous frémissez tous de terreur dans vos grottes…).
4) QUE LES GENS PISTONNÉS SONT MÉDIOCRES
Celle là j’ai mis du temps à m’en rendre compte, mais je pense que si un jour j’ai une progéniture, ça sera le message numéro un que je leur ferai passer.
Il y a un moment dans la vie où il faut faire ce truc affreux qui s’appelle chercher un travail, et c’est le moment que choisissent tous les Jean-Chacal de la terre pour réciter une litanie envahissante (qui ne manquera pas de vous provoquer des sueurs froides) qui consiste à dire que si on a pas de piston on peut toujours aller se gratter pour faire un métier cool de la fesse tel que, en vrac: éditeur, journaliste, écrivain, chef pâtissier, super-juge ou maitre du monde.
Hé bien ça mes petits, sachez que c’est faux, et qu’il est grand temps de mordre le jarret des Jean-Chacal qui de toute façon sont des êtres frustrés par leur nullité (ils savent très bien que malgré tous leurs pistons familiaux ils finiront comptables chez Castorama).
Si vous voulez vraiment travailler quelque part et que personne dans votre famille n’a sniffé de la coke sur les fesses de Karl Lagerfeld, il existe une solution simple: la candidature spontanée.
(et puis comment peut-on garder un minimum de dignité dans la vie quand on jamais essayé de faire un truc qui nous tient à cœur vraiment tout seul, sans se faire porter par la peau du cou par ses géniteurs?)