« Quant à la forme: des individus de ton espèce, sans ouverture de cœur puisque dépourvus de toute spiritualité incarnée, méritent le nom d’enculés. Je te conseille même de le porter comme prénom: il t’ira comme un gant – et pourquoi pas sur tes cartes de visite. Voilà ce que je tenais à t’écrire: le monde étant circulaire, nous nous rencontrerons un jour ou l’autre. A bientôt donc, enculé. »
-Extrait d’une lettre de rupture envoyée par un individu adepte du reiki à son ex-meilleur ami suite à une trahison amoureuse
« Je suis une femme et j’ai été membre de la ligue du lol. »
Je suis tombé sur cet article par hasard et ce pile après avoir pris la décision de ne pas vous infliger une monographie au sujet de la ligue du lol – sujet qui, comme on le sait tous, nous pête les couilles. Or il se trouve que la personne qui a pondu ce texte (et dont je n’ai volontairement pas cherché à fouiner l’identité) résume à peu près tout ce que je pense de cette histoire.
Pour commencer et afin d’être transparent sur mes conflits d’intérêt, il faut que je précise plusieurs choses:
a) je suis un renard de sexe féminin;
b) les membres de la ligue du lol, à l’époque où ils sévissaient activement sur les réseaux sociaux (cad au début des années 2010), étaient des individus qui me faisaient souvent rire lors des longues heures d’ennui au travail que je passais à écumer internet pour me distraire;
c) je ne connais personnellement aucun membre de la ligue du lol. Je ne savais d’ailleurs pas qu’ils formaient une « ligue », ni ne connaissais l’existence de leur groupe facebook. Et je ne savais évidemment pas que certains d’entre eux harcelaient des femmes violemment, à coups d’insultes sexistes et de photomontages porno (si je l’avais sû cela ne m’aurait bien sûr pas fait rire).
Pour moi l’histoire de la ligue du lol, ce n’est pas tant une histoire de machisme sur internet qu’une affaire symptomatique de l’hypocrisie du monde des médias vis-à-vis des problématiques féministes (ou comment ceux qui se positionnent comme les plus féministes sont peut être un peu des tartuffes).
1. Brain Magazine.
Pendant des années, Vincent Glad a animé quotidiennement la « Page Président » du site – sorte de revue de presse du pire de ce que produisait Internet chaque jour et qui, aux côtés de la « Page Pute« , constituait la majorité du trafic de Brain, ambiance photo-montages flashy, couilles en gros plan et doigts dans le nez – et ce sans que personne ne trouve rien à y redire. Au contraire, tous les journalistes-web un peu hype de l’époque trouvaient ça excessivement rigolo – le summum du cool parisien, c’était de passer ses journées à s’envoyer des vidéos de chat et de pépés en slip qui dansaient la macarena, tout en ricanant sur la mort annoncée des journaux papier et payants.
Pourtant, quand l’affaire de la ligue du lol a éclaté, Brain s’est fendu du communiqué de presse suivant:
« Si nous ignorions tout de la « Ligue du LOL », c’est pour une raison très simple : à l’époque où elle sévissait, on était trop occupés à monter un magazine respectueux des femmes, des LGBT, des minorités. Et le féminisme pour nous n’a jamais été une option ou un truc « relou », c’est quelque chose qui irrigue notre ton et le mode de fonctionnement de notre boîte. »
Mais je RIS quoi. Si Brain était un magazine féministe, alors je suis une carotte. Je me souviens avoir reçu comme cadeau d’anniversaire pour mes 20 ans un tote bag en coton qui provenait tout droit de la boutique en ligne de Brain et qui était à imprimé « chats & pédophiles célèbres » – je pense qu’on a connu mieux pour défendre la cause des femmes. Et tout le site est sur la même ligne éditoriale – il suffit d’aller visiter la page cul pour constater que Brain est un magazine fait par des mâles parisiens machos, pour des mâles parisiens machos.
2. Matthias Jambon-Puillet.
J’ai découvert l’existence de Matthias Jambon-Puillet il y a une dizaine d’années au détour d’une conversation avec une amie qui venait de se faire larguer par le susnommé dans des circonstances que j’avais perçues à l’époque (j’essaye de faire attention à ce que j’écris pour ne pas faire de diffamation) comme « pas top féministes ».
« Mais tu comprends pas« , m’avait elle dit, après que j’aie grogné, un bon réac qui se respecte, sur les méfaits du concept de l’amour libre, « il essaye d’écrire des livres, c’est un artiste« . « EN QUOI C’EST UNE EXCUSE? », avais-je fulminé sur mon vélo ce soir-là en rentrant chez moi – et je crois que c’est cette dernière phrase (plus que le nom de famille à base de jambon qui me faisait irrémédiablement penser à un croque-monsieur) qui m’avait donné envie de googler l’animal. C’est ainsi que j’étais tombé sur son blog, et que j’avais immédiatement, et irrémédiablement, pris en grippe Matthias Jambon-Puillet.
A cette époque, il n’avait pas encore été publié et son blog était un aller-retour incessant entre la description par le menu de ses ambitions littéraires (et je ne crois pas m’aventurer bien loin en disant que c’était un fonds de commerce assez rentable pour attirer la gente féminine) et des posts doux-amers sur les relations amoureuses. Vous voyez les héros masculins top énervants des romans de Murakami, des gros mollusques mélancoliques sans intérêt qui pourtant chopent inexplicablement de la femelle à tout va? Bah c’était ça. Ça me faisait grogner mais j’avais d’autres chats à fouetter (les blogueuses mode par exemple), c’est pourquoi le blog de Matthias Jambon-Puillet a sombré dans les limbes de ma mémoire… jusqu’à ce que je tombe sur son témoignage en plein milieu de l’affaire de la ligue du lol.
Ça m’a fait une drôle de sensation, qui m’était rarement arrivée avant en lisant des articles de presse. Bien sûr, on sait que les médias exagèrent parfois, que certaines enquêtes sont faites un peu par dessus le bras et que des personnes peu recommandables peuvent parfois être encensées sans raison (coucou BHL), mais c’était assez estomaquant de voir Matthias Jambon-Puillet se positionner comme un chevalier blanc du féminisme. Un peu comme la fameuse photo de Denis Baupin avec du rouge à lèvres pour lutter contre les violences faites aux femmes. Un passage en particulier de son témoignage m’a fait tiquer:
« J’ai fini par recroiser Renaud Aledo (@ClaudeLoup) dans un bar, à une soirée où il n’avait pas été convié. Et, ivre, il m’a donné son point de vue, l’origine de tout ça, en plus de la fois où il a cru que je couchais avec une amie qui lui avait dit non. « Je t’aime pas parce que t’es un faux gentil, tout ce que tu fais, c’est pour baiser des meufs. T’es pas un gentil, t’es un manipulateur, et il faut que tu tombes« . Voilà comment pense un sociopathe masculiniste, incapable de voir une autre vision du monde que la sienne, si je n’étais pas un con c’est forcément que je faisais semblant, et si je faisais semblant, c’était forcément pour coucher. Je l’ai attrapé par le col. Je n’ai pas lâché. Il m’a frappé les mains, je n’ai pas lâché. Le vigile du bar m’a demandé de sortir (il faut bien une première fois à tout). J’ai proposé à Renaud de me suivre, qu’on finisse la conversation dehors. Il a passé le reste de la soirée au fond du bar à se plaindre de notre interaction. Il ne m’a plus jamais emmerdé. »
C’était difficile pour moi à l’époque de lire tous les articles publiés sur la ligue du lol parce que je me sentais perpétuellement en décalage avec l’angle des papiers. Dans la citation précédente, ce qui me marque ce n’est pas tant le comportement macho de ce Renaud Aledo (je ne sais même pas qui c’est d’ailleurs). C’est cette phrase: « Je t’aime pas parce que t’es un faux gentil, tout ce que tu fais, c’est pour baiser des meufs. T’es pas un gentil, t’es un manipulateur« . Je me suis rendu compte que cette citation résumait à la perfection l’intuition, le jugement que j’avais eu au sujet de Matthias Jambon-Puillet le soir où, dix ans plus tôt, mon amie m’avait parlé de lui.
A ce stade, je me suis posé plein de questions. Est-ce que c’était mal de penser ça? Est-ce que, parce que j’étais d’accord avec le jugement d’un macho (car il n’y a pas à chier, le comportement de Renaud Aledo tel que décrit dans le témoignage de Matthias Jambon-Puillet est bel et bien un comportement de macho, et donc condamnable), je suis moi aussi un macho? Mais au contraire, est-ce que Matthias Jambon-Puillet est forcément féministe parce qu’il s’oppose à un macho?
Et c’est sur ce point que, il me semble, les médias qui ont offert à Matthias Jambon-Puillet un boulevard (notamment en reprenant sans vérification sa liste des soi-disant membres de la ligue du lol, qu’il avait postée sur twitter) ont commis une erreur. En traitant son harcèlement en ligne comme un des symptômes du machisme des membres de la ligue du lol. Et si la réalité était plus complexe? Et si il n’y avait pas eu d’un côté les méchants macho vs le gentil homme féministe? Mais des hommes macho vs un homme pas forcément très blanc de l’autre côté? Dans ce cas on est plus dans un fait de société, digne d’être raconté parce qu’éclairant des problématiques féministes. On est dans un conflit entre personnes, avec ses zones d’ombres, ses faits invérifiables car commis dans l’intimité des chambres à coucher. Et ça donne un témoignage qui, au final, est non utilisable.
Je reviendrai plus bas sur la responsabilité des médias dans cette histoire.
3. Daria Marx.
J’ai découvert Daria Marx suite à un article à son sujet dans Madmoizelle et, sur le papier, le concept de son blog ne pouvait que me séduire. Déjà, il y avait ce post intitulé « J’encule Christophe Barbier ». Et puis, la description du personnage:
» Quand elle écrit, c’est comme si elle se battait avec elle-même. D’où cette impression que chacun de ses mots est comme un coup d’épée dans un duel sur le papier. En lisant son Tumblr, on a un sentiment mélangé : qui est cette fille ? Qu’est ce qui lui fout une rage pareille ? »
J’aime bien les petits excités de la plume, et pourtant je n’ai jamais réussi à devenir un lecteur assidu du blog de Daria Marx. Ça n’était pas le même genre de grossièreté stimulante pour l’esprit que celle de Cavanna, un usage jouissif du gros mot parce que toujours bien trouvé. C’était une accumulation de mots sales, souvent en lien avec la sexualité, presque toujours dégradants, pleins de violence. Le genre de lecture qu’on ne peut faire qu’en se sentant sali et attaqué (et pourtant j’ai adoré King Kong Theory). Je n’ai jamais réussi à établir de « connexion » mentale avec elle en la lisant – et pourtant la violence qu’elle avait en elle, violence liée entre autres aux agressions sexuelles qu’elle a subies enfant et à ses problèmes liés à son apparence physique, aurait dû me parler.
Parce que j’avais l’impression qu’il n’y avait pas de fond derrière ce qu’elle racontait, juste une volonté brute et aveugle de provocation. Exagérer la forme, les insultes, pour susciter des réactions violentes en retour; se nourrir de ces réactions. J’avais conscience qu’elle suscitait des commentaires très haineux sur les réseaux sociaux mais j’avais toujours cette impression étrange qu’elle jouait un double jeu; qu’elle se plaignait de la détestation qu’elle suscitait tout en en jouissant. Qu’elle trollait tout autant qu’elle se faisait troller. Et cette sensation de double discours n’a fait que s’accentuer avec le temps. J’étais par exemple de plus en plus mal à l’aise avec son féminisme poussé à l’extrême (Daria Marx se définit elle-même volontiers comme misandre) couplé à une haine de certaines femmes, qui perçait dans tout un tas de textes. Je me souviens en particulier d’un post – le dernier que j’avais lu d’elle, le point de non retour pour moi – où elle crachait sur les femmes minces, ridiculisait leurs fesses serrées dans leurs jeans moulants. Je lisais ça et je me disais meuf, t’as rien compris. Évidemment que la grossophobie est un fléau. Mais il n’y a rien de plus absurde que de taper sur les femmes maigres en retour.
Preuve que mon mal-être par rapport au féminisme pas très clair de Daria Marx n’était pas totalement dénué de fondement, le post-scriptum de son témoignage au sujet de la ligue du lol:
« Je voudrais dire que mon comportement sur Twitter n’est pas exemplaire. J’ai eu des propos nuls. J’ai eu des propos insultants, notamment envers certaines blogueuses comme Capucine Piot, et sans doute d’autres encore. Mon féminisme a évolué avec le temps. Je n’étais pas dans la sororité en 2011. J’espère démontrer par mes actes que je le suis aujourd’hui, de manière toujours imparfaite sans doute. »
« Pas dans la sororité« , c’est un doux euphémisme pour décrire ses textes et ses interventions à l’époque sur les réseaux sociaux. Et comme pour Matthias Jambon-Puillet , je me pose la question: pourquoi les médias n’ont-ils pas remis en contexte? Pourquoi avoir publié des captures d’écran des insultes qu’elle recevait mais pas des insultes qu’elle produisait, insultes qui ont pu cibler certaines femmes? Est-ce que Daria Marx était forcément féministe simplement parce qu’elle même s’auto-défininissait comme telle? (suffit-il de se dire anti-raciste pour ne pas être raciste?).
4. Les blogueuses mode.
Bon alors là on rentre dans de la grosse foire au boudin, alias, le gros n’importe quoi de cette histoire. Je ne parlerai pas du cas spécifique de Capucine Piot car j’ai découvert son existence seulement au moment de l’affaire de la ligue du lol. Mais par contre, le trolling de blogueuses mode étant un peu ma spécialité (et la raison d’être de ce blog), j’ai 2-3 autres trucs à dire:
Il y a une chose qui m’énerve excessivement sur internet: c’est cette idée très répandue, ce marronnier de la presse en mal de sujets intelligents à traiter, qui est que critiquer les blogueuses mode ou les youtubeuses beauté, c’est forcément être a) un troll b) anti-féministe.
La confusion vient, il me semble, des idées du féminisme libéral, qui ont dramatiquement infusé dans la société. Le but de la lutte féministe dans un contexte libéral est que les femmes puissent conquérir les positions de pouvoir (dans les médias, les entreprises, la politique, le sport etc) qui jusqu’ici étaient réservées aux hommes. Ce féminisme-là ne fait pas de distinction entre les buts à atteindre: du moment qu’une femme accomplit quelque chose qui jusqu’ici était seulement réservé aux hommes, alors cela doit forcément être valorisé. Ce type de féminisme va donc encenser en vrac Rachida Dati (qui se vante de ne quasiment pas avoir pris de congé maternité après la naissance de son enfant), la série Sex & the city (qui portraye comme modèle de vie réussie l’achat d’un appartement à new york avec une pièce entière dédiée à un dressing rempli de chaussures de luxe) ou le concept de « girl boss » (qui consiste à être une chef tout aussi insupportable que les chefs hommes, mais c’est ok car vous êtes une femme). La valorisation des blogueuses mode et des youtubeuses beauté est une conséquence directe du féminisme libéral. Or personne ne semble se poser la question du bien-fondé de tels parcours de vie: n’est-ce pas un peu contradictoire de gagner sa vie en vendant précisément ce qui aliène celle de toutes les autres? (OUI les produits de beauté: c’est bien de vous dont je parle).
La suite logique de cette conception libérale du féminisme, c’est que tout critique faite à l’égard des femmes est mécaniquement perçue comme une attaque contre les femmes en tant que femmes, et dont une attaque anti-féministe. L’exemple le plus marquant est la plainte sans cesse renouvelée, de la part des youtubeuses, du harcèlement sexiste en ligne – fable qui n’est autre qu’un story-telling au bénéfice des marques qui financent les influenceuses, mais que les médias reprennent sans la questionner. Il se trouve que je suis bien placé pour parler de ça parce que j’ai souvent essayé de laisser des commentaires critiques sous les vidéos des youtubeuses connues (je fais partie des gens qui pensent que youtube a une audience tellement importante parmi les plus jeunes qu’il est crucial de se battre pour que des règles de pluralisme et de débat contradictoire y soient respectés et que ça ne soit pas juste un espace laissé en open bar aux marques, de la même manière que le CSA a été créé pour encadrer les contenus proposés à la télé). Or ceux-ci ont été systématiquement modérés. Et ce même si le langage employé était tout à fait correct, les critiques argumentées. Tout simplement parce que les marques payent les youtubeuses pour un certain contenu, et que ce contenu englobe les commentaires, sélectionnés pour donner une bonne image.
Si vous voulez mon avis, on est très loin du féminisme et pourtant, pas un jour ne se passe sans que quelqu’un quelque part ne ponde un article laudatif sur telle ou telle blogueuse ou youtubeuse « qui fait tellement avancer la cause des femmes ».
Et c’est ça qui est top énervant, parce que cet internet là, cet internet des blogs de mode, de l’apparence et de la consommation, c’est précisément un internet dont nous ne voulons pas. Et – je ne m’avancerai pas à parler des motivations des membres de la ligue du lol car comme je l’ai dit plus haut je ne les connaissais pas, même si je me reconnaissais dans leur esprit moqueur et leur volonté de tourner en ridicule ce qu’ils estimaient être des fléaux pour la société, comme l’égocentrisme ou l’autopromo – si j’ai décidé de devenir un troll c’est justement pour cette raison. Parce que j’en avais marre de ne pas être entendu et que je me sentais sincèrement révolté qu’on érige en modèles des personnes qui pour moi faisaient un mal fou à la fois au féminisme – le vrai – et à la planète (via la promotion d’un mode de vie hyper-consumériste).
Alors que vient pour moi le moment de conclure et comme j’ai l’esprit en escalier, il me faut mentionner un fait qui m’a beaucoup questionné – ce genre de fait dissonant dont on ne sait pas quoi faire, qui ne colle pas dans l’idée qu’on se faisait d’une situation, d’une histoire, et qui, comme un caillou dans la chaussure, ne cesse de se rappeler à vous. C’est le fait que Vincent Glad ait été un des premiers journalistes à couvrir le mouvement des gilets jaunes.
Je suis récemment retombé sur cette interview qu’il a donnée au site Le vent se lève:
« [Ces groupes facebook de gilets jaunes,] c’est une masse d’informations qui est inédite. C’est un incroyable trésor. Le problème, c’est que sur ces groupes, l’énonciation est profondément différente du langage médiatique : c’est une parole plus brute, avec beaucoup de points d’exclamation, des fautes d’orthographe, une manière d’écrire qui ne se regarde pas écrire, une manière d’écrire comme on parlerait. Un journaliste normal – et moi le premier au départ – est entraîné à considérer cela comme de la parole dite de « troll ». Les trolls, ce sont ces gens qui vous répondent vigoureusement sur Twitter pour vous dire que votre article c’est de la merde, que vous êtes un vendu au pouvoir, voire un « collabo ». En fait, les trolls, plus largement, ce sont ceux qui ne pensent pas comme vous et/ou ne s’expriment pas comme vous. C’est une population que les journalistes ne voient plus sur internet. Ils existent, ils commentent sous tous les articles, mais on préfère ne pas les voir. Les gilets jaunes, c’est cela, c’est l’irruption des trolls dans l’action politique. Ces gens qu’on a négligés parce que leur parole était trop brute, trop loin de nos formats d’écriture qui sont aussi des formats de pensée. »
Chacun y lira ce qu’il voudra.