“J’écris pour ces femmes qui ne parlent pas, pour celles qui n’ont pas de voix parce qu’elles sont terrorisées, parce qu’on nous a plus appris à respecter la peur qu’à nous respecter nous-mêmes. On nous a appris que le silence pouvait nous sauver, mais c’est faux.” – Audre Lorde

Salut les bébés lecteurs,

Je ne vous avais pas oublié, j’avais juste perdu le mot de passe de ce blog. Je dois avouer que ça m’a bien contrarié. Car (je sais pas si je vous l’avais dit) plus les années passent et plus je perçois ce blog comme un croisement entre un doudou et une bouteille à la mer contenant le journal intime de ma vie (hé oui! on est le 1er novembre et je suis lyrique! vous l’avez bien cherché)

BREF. On espère donc tous qu’au cours des deux années qui sépareront ce post du prochain, il n’y aura pas d’autres souçis informatiques (ou de souçis de tout autre ordre, d’ailleurs) (stp stp stp elon musk ne rachète pas wordpress)

Cette mise à jour ayant été faite (je vous préviens je tape mon texte sans me relire, ce qui augure d’une qualité littéraire des plus merdiques, mais si vous êtes ici vous l’avez cherché), voici ce dont je voulais vous parler aujourd’hui, en vrac:

1. Sur ma boite mail du travail je reçois tout un tas de pubs à la con envoyées par des agences de communication, que je supprime en général, mais l’en-tête de celui-là m’a fait rire.

« Entreprise : Après le Loud Quitting et le Fire Quitting, voici le temps du « Ghosting » !« .

En plus c’est la période d’Halloween et des fantômes, alors les grands patrons du CAC40 tremblent dans leurs chaumières.

« Imaginez un chef d’entreprise qui, du jour au lendemain, n’a plus aucune nouvelle de son salarié. Il vient d’être victime d’un nouveau phénomène qui touche le monde du recrutement et du marché de l’emploi outre-rhin, le Ghosting.

Cette tendance consiste pour l’employé à disparaitre soudainement de son entreprise pour ne plus jamais s’y présenter, ou de démissionner avant même d’avoir commencé son nouveau job.
Le plus souvent afin protester contre ses conditions de travail ou plus simplement parce qu’un meilleur salaire est proposé ailleurs.

Qu’en est-il de la France ? Le Ghosting a-t-il atteint nos frontières ? Après le Loud Quitting, le Fire Quitting et le Conscious Quitting, le Ghosting est-il la nouvelle tendance que doivent redouter les patrons ?« 

Tout en ricanant sous cape j’ai scrollé vers le bas de ma boite mail et je me suis rendu compte que la personne qui m’avait envoyé cette alerte n’en était pas à son premier coup d’essai, et s’était déjà égosillé au sujet des tendances inquiétantes du marché du travail plusieurs fois au cours des mois précédents.

« Après la grande démission, voici venu le temps de la démission silencieuse, ou le Quiet Quitting comme disent les américains.

Il s’agit de ne faire à son travail que le strictenécessaire sans aucun effort supplémentaire. C’est une nouvelle approche de son emploi, sans démission, mais avec une activité volontairement minimaliste.

Sur le réseau social Tik Tok, ou les employés témoignent de leur méthode Quiet Quitting, le mot-clé atteint les 40 millions de vues.« 

(ici le lien vers le fameux #quietquitting, ne me remerciez pas)

MAIS CE N’EST PAS TOUT (quels vilains, ces salariés!)

« Le « Act your wage », la nouvelle tendance des salariés qui vient s’ajouter au Quiet Quitting« 

« Après le « Quiet Quitting », mouvement qui consiste à se désengager doucement de son travail, une nouvelle tendance émerge sur le réseau social TikTok… Le « Act your wage ».

« Act your wage » ou « Agis à la hauteur de ton salaire » en français, contrairement au Quiet Quitting, n’a pas de notion négative, pas d’acte de désengagement ni au bout du compte la volonté de quitter définitivement son emploi, en revanche, Act Your Wage prône la transparence.

Le mouvement incite les salariés à vérifier la liste de leurs missions et à travailler strictement à la hauteur de ce qu’ils sont payés. Par exemple, si vous avez un petit salaire, vous vous contenterez d’un investissement modeste.« 

Tout un tas de blagues narquoises me traversent l’esprit actuellement, mais si vous suivez ce blog depuis longtemps, vous savez déjà ce que je pense du monde du travail, donc je m’abstiendrai. (il n’empêche que je suis très fier de moi, j’étais grave un influenceur du travail il y a une dizaine d’années, que dis-je, un early adopter, vu que ce blog a été créé pour pallier à des heures d’ennui rémunéré dans un open space)

Bon sinon il y a la newsletter de Coda Oligarchy, qui recèle des pépites sur les habitudes des plus riches d’entre nous, et notamment sur Vladimir Poutine. Ici un passage plein de réflexions philosophiques sur la personne chargée de ramasser et d’analyser son caca:

An agent had to place Putin’s excrement in pockets provided for this purpose, so as to leave no trace and bring everything back to the country in a special suitcase,” reported Le Monde in an article last month, when exploring the vexed question of whether Putin is or is not dangerously ill. I was thinking about this last night as I walked down to the river for a swim and wondered if there was a worse job anywhere in the world than being the person who has to pick up Putin’s poo and put it in a special bag so as to repatriate it to Russia. Then my dog Tilly squatted down, meaning I had to package up her poo and put it in a special bag, and my mind raced ahead (despite my best efforts to stop it) to wondering what being Putin’s poo-man – kakashnik? — might involve. Does the Russian president, like Tilly, just squat down any old place, no matter how inappropriate, and leave the poo-man to deal with it? Does the poo-man, like me, sometimes forget to bring one of the special poo bags and have to borrow one off, I don’t know, President Xi’s poo-man?

Lu au détour d’un live du Monde au moment de la dernière campagne présidentielle:

Yannick Jadot rappelle sa conviction européenne, déclenchant une remarque de M. Zemmour :
— Qu’est-ce que le monde pour vous ?
— C’est un grand village.
— Voilà, vous êtes un mondialiste.
— J’aime l’humanité !
— Vous voulez devenir président de l’humanité ? (…) Vous détestez les Français, vous n’aimez pas Noël, vous n’aimez pas le Tour de France !

Un article d’Arrêt sur Images inititulé « Les yogis ne sont plus zen« .

Trucs cools en vrac découverts récemment:

POUR FINIR

Une recette de biscuits aux noix top délice (avec de la pate à cookie). Idéal pour le goûter de votre chabichou, surtout si comme le mien il a tendance à être relou avec la nourriture:

Ingredients

2 jaunes d'oeufs
100 g de sucre
100 g de farine (vous pouvez mélanger plusieurs farines)
80 g de beurre (doux ou demi-sel selon vos goûts )
100 g d'amandes, de noix ou de noisettes grossièrement moulues 

Préchauffer le four à 200 C

Faire fondre le beurre et laisser refroidir.

Travailler les jaunes d’oeufs avec le sucre.

Ajouter le beurre fondu. Incorporer la farine et les amandes.

Façonner des boules et les disposer sur une plaque recouverte de papier sulfurisé (les espacer).

Enfourner pour 8 à 10 minutes (bien surveiller la cuisson )

« Ça dure toute la vie, une évasion. C’est tout le temps à refaire » – Benoîte Groult.

Salut les suites de couches,

Le post partum, c’est dur (car oui, j’ai enfin réussi à accoucher d’un petit mammifère). Si comme moi vous faites toutes les nuits des cauchemars terrifiants dans lequels votre marmaille se noie dans l’eau du bain et que vous passez vos journées à faire des plannings de temps d’éveil / siestes / tétées dignes des plus grands modèles mathématiques de ce siècle, alors ce post est fait pour vous.

Voici donc une petite sélection de trucs rigolos trouvés sur internet qui vous remonteront peut être le moral (parce qu’il faut bien l’avouer, cette histoire de baisse d’hormones, indice, ce n’était pas une fake news).

Déjà il y a le fabuleux compte instagram awkwardfamilyphotos, alias un condensé des pires photos souvenir de familles du monde entier. Mes pref de ces derniers temps:

(cela dit je me sens indulgent vis à vis de ce père, moi non plus je ne peux pas résister à une bonne blague à base d’oreilles de lapin quand c’est l’heure de faire une photo officielle)

Cette vidéo. Ne me demandez pas pourquoi, je trouve ces gros messieurs moustachus qui chantonnent leur amour pour les blazers et les cols roulés étrangement réconfortants.

Le compte instagram objectif_quadrillionnaire, qui se fout de la gueule des richous influenceurs qui propagent l’idée que seul entre en jeu mérite & travail acharné pour réussir dans la vie (et pas un compte en banque douilletement garni de lingots d’or hérités de son papy).

Pour terminer je vous conseille trois films ronron à regarder:

  • Jeune Juliette (enfin un film sur l’adolescence qui ne se termine pas par l’héroine, qui se croit moche, qui finit par scorer le BG du lycée + en bonus un chouette personnage de père, qui ne se cantonne pas à son rôle de daron dépassé qui ne comprend rien à la vie)
  • Booksmart (le film parfait sur la sororité (ne devrait-on pas à partir de maintenant accueillir nos amies, à chaque fois qu’on les revoit, d’une flopée de compliments à la Christina Cordula du genre « ma chérie! tou est ma-gni-faïque!! »)?)
  • Palmsprings (juste rigolo et bête)

Bon et si comme moi votre enfant galère à téter et que vous devez l’allaiter pendant de longues plages de 45min à 3h du matin je vous conseille cet épisode de Thinkerview sur le Covid. C’était palpitant, après j’avais plus envie de retourner me coucher parce que je voulais savoir la suite (et pourtant dieu sait que je suis epuisax).

Besos

Salut les pass sanitaires,

Je suis méga grugru cette semaine, principalement car je ne suis toujours pas vacciné et que je suis désormais banni de la piscine municipale (si j’avais su, je n’aurais pas pris comme résolution pour mon été 2021 d’arrêter de pisser dans le bassin de 50m tiens).

Puisque c’est la dictature sanitaire et qu’il y a de grandes chances que les lecteurs de ce blog soient aussi inorganisés que moi au sujet de leur suivi vaccinal, je vous propose une petite sélection de trucs à voir sur internet histoire d’occuper vos journées, maintenant que vous ne pouvez plus aller nulle part et que vous êtes assignés à résidence dans votre grotte.

1. Le problème avec Paige Tobin

Hé bien oui, je n’ai plus de limites morales car aujourd’hui nous allons nous attaquer à plus faible que nous à savoir une enfant de six ans, à savoir Paige Tobin, une australienne qui se fait filmer par ses parents (qui évidemment mettent les vidéos, monétisées, sur youtube) en train de faire du skate.

Je regarde les vidéos de Paige Tobin avec un mélange de haine inavouable et de désespoir pour le futur de l’humanité.

Déjà à un moment il va bien falloir l’admettre: même si nous avons tous été des adolescents vaguement amateurs de skate car le skate, c’était cool et ça sentait la californie et le poil au vent l’été, il faut bien admettre que le skate, c’est un hobby de privilégiés de droite. Le skate, c’est la métaphore du pouvoir de séduction du libéralisme. Le skate, je vous le dis tout net, Jean-Claude Michéa ne mettrait jamais son tampon « approuvé » dessus et franchement en regardant Paige Tobin on ne peut que lui donner raison. Cet enfant me donne des HEMOROIDES. Je déteste son sourire forcé d’hyperactif anglo-saxon qui parle fort et passe son temps à courir partout au grand dam des introvertis de ce monde, mais ce qui me fait le plus glapir c’est le storytelling féministe débile qui sous-tend le principe de sa chaine youtube – ou comment faire croire qu’en regardant ses vidéos on favorise le sport chez les petite filles alors qu’en vrai on ne fait qu’engraisser financièrement ses parents et les marques de skate qui subventionnent le truc.

2. Des logiciels cool pour faire chier

Le principe de Zoom Escaper est simple: c’est un outil qui « vous permet d’échapper aux réunions Zoom et autres vidéoconférences. Il vous permet d’auto-saboter votre flux audio, rendant votre présence insupportable pour les autres participants« . Parmi les douces fonctionnalités de cette invention merveilleuse, on trouve des bruits de fond de pleurs de bébé, de jets d’urine dans les toilettes porte ouverte ou le sous-estimé mais néanmoins très efficace écho-voix.

Autre merveille de la technologie: adnauseam. En gros c’est un add-on à ajouter à votre navigateur, qui lutte contre la publicité intempestive en ligne en cliquant sur toutes les pubs que vous rencontrez lors de votre surf sur internet. Ou une manière d’éviter de se faire cibler par le marketing en ligne, en envoyant tellement d’informations contradictoires que celles-ci brouillent le signal.

En parlant de tracking, ce tweet m’a fait rire:

3. Pétitions anti-riches:

change.org a récolté 200’000 signatures pour que Jeff Bezos ne revienne pas sur terre après son départ dans l’espace: « Billionaires should not exist…on earth, or in space, but should they decide the latter, they should stay there. »

dans le même ordre d’esprit, cet article appelle à rendre illégal la possession de grosses baraques en raison de leur coût écologique: « Individual choices about consumption won’t solve the climate crisis alone. But for the richest among us, some forms of polluting pleasure are going to have to go. At the top of the list are giant houses, which are a key reason that the world’s richest 1% have carbon footprint 175 times the size of those in the bottom 10%. « 

pendant ce temps, à l’autre bout du monde: « no guatemalans, just vibes« 

4. Bonus trucs en plus:

Le meilleur photographe de mariage DE LA TERRE.

Les photos d’adolescentes sur la plage de Rineke Dijkstra (dont j’ai découvert le travail via le très cool podcast Venus s’épilait-elle la chatte, dont je vous conseille par ailleurs le dernier épisode: Picasso, séparer l’homme de l’artiste).

Un article intéressant du Monde diplomatique: « Pour convertir de studieux élèves de classe préparatoire et d’université en manageurs, les grandes écoles de commerce institutionnalisent un mépris pour la curiosité. Les étudiants perdent progressivement leur goût du savoir pour se plier aux injonctions de la vie de l’établissement. Délestés de leur souci scolaire, ils peuvent alors s’accommoder du « sérieux » du monde de l’entreprise » (ou comment expliquer en trois phrases pourquoi les étudiants d’école de commerce sont aussi intéressants qu’un troupeau de moules).

La théorie du complot des Illuminati serait née « d’une vaste (mauvaise) blague« .

Après la passion bitcoin, la passion NFT. Pour ceux qui ne suivent pas l’actualité des cryptoactifs j’ai un peu la flemme de vous expliquer mais en gros un NFT est une sorte de certificat électronique qu’il est possible d’apposer à un peu près tout et n’importe quoi afin de rendre l’objet (réel ou virtuel) unique, ce qui permet de le vendre ensuite, voir de spéculer dessus, à la manière d’une œuvre d’art. Partant de ce principe un mec a donc certifié NFT puis vendu une série d’audios de prouts enregistrés sur WhatsApp. Toujours dans le même ordre d’idées, vous vous rappelez de la vidéo « Ouch, Charlie bit me… ahhhhh it really hurts« ? Hé bin la mère de famille qui avait initialement enregistré ce qui est devenu un des films les plus connus d’internet a vendu le clip via un NFT pour £500,000. On en peut plus du capitalisme.

Et pour terminer:

« The moment I found out Trump could tweet himself was comparable to the moment in ‘Jurassic Park’ when Dr. Grant realized that velociraptors could open doors. […] I was like, ‘Oh no. »
Justin McConney, ancien social media manager de Donald Trump.

Salut les auto-tests PCR dans le cul,

J’ai la flemme de me casser la tête à trouver une introduction à ce post et de toute façon vous connaissez le principe: une fois tous les 36 du mois je sors de ma grotte et vous balance en vrac une liste de liens plus ou moins intelligents ayant marqué mon quotidien de renard des bois. Ce mois-ci nous parlerons influenceurs, trolls et pureté militante.

Point influenceurs

Ce mois-ci j’ai découvert que j’avais des fissures annales. Et il se trouve que je ne souhaite jeter la pierre à personne mais que le timing d’apparition de mes douleurs à l’anus ont coïncidé avec la douce idée de Gabriel Attal d’inviter Enjoy Phoenix parler de « la précarité des étudiants » à l’Elysée (si vous aussi vous souhaitez souffrir dans votre fondement, la vidéo est ici).

Enjoy Phoenix, soit la meuf qui a arrêté la fac en plein milieu pour se consacrer à sa chaine Youtube, doux lieu des partenariats à 190’000 boules.

Ce qui me fait penser à cette vidéo sur le quotidien des instagrameuses (mission de vie = insuffler le self-love aux ados, parce que c’est super important tu vois)

Point monde du travail

En parlant de mission de vie, tout le monde n’a pas la même conception d’une carrière réussie.

J’ai beaucoup ricané en lisant ce thread au sujet des « photos de start-uppers qui lèvent des millions: un genre photographique à part entière, des codes très stricts, une absence d’originalité totale« .

Pendant ce temps, d’autres découvraient leur vocation (passion journalisme casse-couilles, un métier d’avenir):

En parlant de trolling, cette info publiée en marge de l’attaque du Capitole m’a, je l’avoue, fait glapir de curiosité. C’est l’histoire du français Laurent Bachelier, qui a donné 28 bitcoins à des groupe pro-Trump en amont des manifs. Un don plutôt généreux qui a donné envie à certains de se pencher sur son parcours. On apprend en épluchant de vieux forums que Laurent Bachelier offrait il y a quelques années ses services de trolling contre paiement (mes passages prefs: « I can make people rage » « Skills: I have 10+ years experience trolling forums and have been banned in most« . ne me jugez pas mais OUI je me suis identifié à lui (jusqu’au moment où il a dit qu’il aimait les nazis et était contre le féminisme)).

… enfin bref, tout ça pour conclure: le capitalisme ça reste quand même tout pourri:

Point militantisme

Si vous aussi vous avez ressenti un agacement important via-à-vis de votre entourage végan ou féministe radical qui persiste à vous considérer comme une sorte d’alter-égo d’Eric Zemmour juste parce que vous avez l’outrecouidance en 2021 de vouloir vous faire une opinion sur la base de faits sourcés et non de gourous du militantisme, alors cet article de Néon Mag au sujet de la pureté militante et de la culture du « callout » est fait pour vous.

« La mécanique d’annulation s’enclenche d’autant plus plus fort si la personne qui vous cible pèse dans la hiérarchie officieuse ; les cercles de gauche ont beau prôner l’horizontalité des rapports, ils ne sont pas exempts des dynamiques de pouvoir qui irriguent la société. […] « L’exclusion devient une option de premier choix, un outil de prise de contrôle pas interrogé, et sous prétexte de ne pas hiérarchiser les violences, chacun.e peut finalement dénoncer n’importe qui pour n’importe quoi, sans que l’on interroge le pouvoir tiré d’un tel détournement des discours et pratiques féministes − au contraire on s’auto-kiffe de telles décisions « radicales », dénonce le blog queer Paranormal tabou dès 2012. Pour pas mal de personnes, quand on parle de parole de la victime, on ne parle plus de récits, on parle de ressenti. « J’ai ressenti que Machin•e m’a coupé la jambe !! » Peu importe ce que Machin•e a objectivement fait. » Comme le résume Raphaël*, écarté du groupe d’activistes au sein duquel il militait : « Rien de ce qui est fait contre une personne jugée abusive n’est abusif. » […] L’ironie amère derrière ce constat ne vous aura sans doute pas échappé : ces milieux valorisent les concepts de bienveillance, d’inclusion, d’espaces safe, de discours « non oppressifs », de trigger warnings. Et pourtant, on s’y entre-déchire selon les mêmes logiques du bon vieux concours de quéquettes qu’on prétend combattre. »

Ce qui me fait penser (attention terrain glissant en vue) au cas Pépé le putois. Personnage bien connu des Looney Tunes que je regardais petit renardeau le dimanche soir en compagnie de mon géniteur, Pépé le putois était ce personnage de putois top péniblos qui souhaitait niquer tout ce qui passait sous son nez (sans succès, heureusement), accent français et gros bisous baveux à la clef. C’était le cliché du latin libidineux et pour être totalement honnête, je le détestais. Du haut de mes 7 ans, il représentait pour moi tout ce qui allait mal dans la société, alias les mâles qui sous couvert de compliments auquels on avait a priori rien à redire sous peine de passer pour des malpolies, ne désiraient rien d’autre que nous transformer en objets passifs de leur quête de plaisir égoiste (oui j’étais super vénère à 7 ans). MAIS, et ce mais est d’importance, je n’aurais jamais milité pour que Pépé le putois disparaisse des écrans, chose qui vient de se produire cette année sous la pression de groupes militants estimant qu’il propageait la « culture du viol ». Il me semble qu’on est là face à un non-sens total. Et si sous prétexte de lutter contre la culture du viol, on finissait par supprimer tous les vilains, les méchants dans les oeuvres de fiction? Comment apprendra on alors que le mal existe et à quoi il ressemble, si on ne le voit plus? Je n’ai pas honte de le dire, Pépé le putois m’a plus appris sur les mécanismes de drague toxique que tous les manuels militants du monde. Pépé le putois, c’était un précurseur de DSK qui saute sans crier gare sur Nafissatou Diallo, l’illustration parfaite des névroses de « la drague à la française ». J’aurais bien aimé que mes renardeaux puissent eux aussi voir ça à la télé, pour être super remontés à leur tour et avoir envie d’éclater tous les putois de la terre quand ils seraient grands.

La BD du mois

Le compte instagram de dinosandcomics (passion dinosaures dépressifs et boulimiques)

Bonus rien à voir avec la choucroute mais réjouissant néanmoins

Sur Vice (alias le média où vous pouvez être sûrs de trouver les pires anectotes), l’histoire d’un mec qui utilisait une cage de chasteté connectée et qui a eu la bite coincée par un hackeur (oui, ce genre de nouvelle me remonte le moral. je suis une mauvaise personne).

Salut les tests covid,

Ce blog n’a plus aucun lecteur et le monde occidental part clairement en quéquette mais tel le capitaine d’un bateau qui part à la dérive je vous propose de continuer bravement les listes de trucs cool & moins cool du mois.

Aujourd’hui au programme: passion canidé, théories du complot & pédophiles + bonus maternité top casse-bonbons avec la blogueuse mode Kenza Sadoun el Glaoui (analyse lutte des classes inside).

Commençons par les trucs cool du mois de novembre 2020, avec en pole position ce canidé TROP MIGNON pour lequel je vais enfreindre la règle éditoriale de ce blog, à savoir pas de photos persos:

portrait craché de Dobby avec les oreilles non?

Franchement le karma est facétieux: si on m’avait dit que je me lèverais un jour à 5h du matin pour ramasser des crottes de chien molles & chaudes (dans ces petits sacs en plastique noir là qui veulent jamais s’ouvrir correctement, ma phobie) et que j’accepterais de me faire lécher la figure en promenade par cet animal dont la principale passion dans la vie consiste à manger des bouses de vache, je ne l’aurais pas cru.

Alors pour ceux qui penseraient que je fais un transfert affectif sur un chiot pour compenser ma fausse couche de cet été c’est tout à fait ça la vérité c’est que je fais de la garde d’animal en bas âge pour le compte d’un membre apparenté de ma famille ok. Et j’avoue tout: J’ADORE CA. C’était quelque chose que je soupçonnais un peu sans en avoir la preuve ultime mais là franchement on y est: je suis totalus une mère juive. Quand cet animal est dans les parages je passe ma vie à le dévorer des yeux parce que je le trouve TROP MIGNON, et quand il n’est pas là, je bombarde mon entourage de photos et de vidéos de lui (comme ces mères pénibles qui pensent que le moindre sourire de leur enfant mérite de prendre toute la bande passante de l’internet mondial). Et évidemment, je m’Inquiète. J’étais le premier à grogner sur le fait que maternité ne devait pas systématiquement rimer avec inquiétude mais évidemment quand il s’agit de la bestiole je passe mon temps à me poser des milliards questions du style « est-ce qu’elle est heureuse avec moi? » ou « est-ce qu’elle a eu mal en perdant sa dent de lait en ce battant avec cet autre chiot au parc? » ou « j’ai peut-être pas donné assez de croquettes ce matin ce canidé est tout maigre » ou « j’ai peut-être donné trop de croquettes ce soir elle a chié partout« , etc, etc (comme vous le remarquerez, notre relation tourne beaucoup autour du caca. je me suis fait engueuler par les voisins d’ailleurs, car pour créer un réflexe de Pavlov autour des excréments je hurle « CACA! » puis « C’EST BIEN! » à chaque fois que l’animal fait dans l’herbe devant l’immeuble et pas sur le tapis; or à 3h du matin, il parait que ce type de comportement est dommageable à la vie en communauté)

En vrac, les autres trucs cool du mois de novembre 2020:

  • Light Shadow, alias le soap opéra le plus haletant de Twitter:

« Bonjour, je m’appelle Hope Aphrodite Bella Anastatia Cleopatra De La Courneuve, aujourd’hui je rentre en Terminale dans une petite ville où je suis la « nouvelle de service ». Je suis plutôt du style simple, mon armoire se compose de t-shirt et de jean, je ne suis pas comme les autres filles qui sont un peu trop soucieuses de leur apparence, je ne connais rien à la mode et ne me maquille jamais où alors un peu de mascara pour les fêtes pour accentuer mes cils déjà incroyablement long. J’ai de longs cheveux naturellement soyeux et brillant que je n’entretiens pas car je n’y connais rien, de couleur marron cuivré caramel chocolat, ma peau est clair et sans imperfections. Aujourd’hui c’est donc ma rentrée, je suis du genre timide donc j’essaye de me faire la plus distraite possible, je suis anxieuse et je passe beaucoup ma main dans mes cheveux en me mordant la lèvre, ce qui donne à ma bouche une jolie couleur rouge très séduisante. Je marche dans le couloir, bondé de monde, le regard vers le sol pour ne pas attirer l’attention, et là, je percute quelqu’un, c’est bien ma chance !… »

  • le site qui regroupe tous les oh no!
  • Ce thread collaboratif sur Twitter, avec un concept simple: « Commentez ce tweet comme si vous aviez 53 ans et que vous postez sur le groupe Facebook de votre ville » (indice: j’ai beaucoup ri)

Bon, maintenant que nous avons passé un douillet moment, passons aux trucs moins cool (pas la peine de vous plaindre, c’est la vie), alias CE QUI ÉTAIT POURRI AU MOIS DE NOVEMBRE.

Déjà je voudrais qu’on parle de Kenza Sadoun el Glaoui du blog la revue de kenza, alias « princesse et reine de la mode » selon Paris Match. Le Kenza et sa surconsommation ostentatoire me tape sur les coussinets depuis bien des années mais que voulez-vous, on ne peut pas être au four et au moulin (expression que vous n’avez pas entendue depuis les années 50 je suis sûr) et parmi la MULTITUDE de blogueuses mode & influenceuses qui mériteraient de se faire mordre le mollet, j’avoue que je l’avais jusqu’ici un peu épargnée. Mais là franchement rien ne va plus les gars.

L’autre jour en coupant des vieilles carottes qui traînaient dans le bac du frigo pour en faire une soupe, je l’ai entendue raconter sa life dans le podcast Bliss Stories [aparté podcasts maternité (oui la Matrescence, la plus belle Maman, le Nid, le Tourbillon: c’est de vous dont je parle): je suis tombé dedans cet été avant de faire ma fausse couche et depuis je suis partagé entre la fascination et le brâme. clairement il s’agit là d’un univers parallèle, une sorte de mutation terrible entre l’univers des blogueuses mode et celui de la maternité. ce sont des podcasts faits par des femmes blanches, parisiennes et friquées qui bossent dans l’univers de la communication et du marketing pour des femmes blanches, parisiennes et friquées qui bossent dans l’univers de la communication et du marketing, sur fond de musiques neuneu, voix mielleuses et interviews complaisantes & pas travaillées où on en entend pendant des heures des meufs gloser sur leurs anecdotes pas intéressantes et leurs problèmes de riches, sous prétexte de « bienveillance » (oui, je suis un gros grugru)].

Donc Bliss Stories, c’est « le podcast décomplexé sur la grossesse« . Et bin franchement en matière de podcast décomplexé on a été servi, très Nicolas Sarkozy vibes en mode « non, je n’ai pas honte d’être riche ».

Donc Kenza Sadoun y racontait sa « grossesse de rêve » et y distillait ses petits conseils de derrière les fourrés pour aider la populace, comprenez vous et moi, à mieux gérer ce moment si particulier de la vie.

Et le conseil phare de son intervention c’était: prenez une puéricultrice de nuit mesdames, ça vous changera la vie.

Et ça m’a rendu TOP GRUGRU (je sais, il ne faudra pas venir s’étonner le jour où j’aurai des hémorroïdes, dieu sait que j’en fais voir de toutes les couleurs à mon anus avec la vie trépidante que je mène en me penchant sur de tels sujets).

Parce que ÉVIDEMMENT que tout le monde rêve d’avoir une puéricultrice de nuit. C’est comme de dire au gens « la solution, c’est que vous ayez plein de flouze et que vous voyagiez dans des endroits paradisiaques sans travailler, juste en vous prenant en photo sur instagram« . Sauf que, indice, si les gens ne le font pas c’est car cela coûte cher (près de 100 euros la nuit selon Libération – je vous laisse faire le calcul sur un mois, alias si vous gagnez le smic vous pouvez aller vous faire cuire un oeuf). Moi aussi j’adorerais avoir une puéricultrice de nuit pour garder le gros animal dont je vous parlais plus haut, que j’aime de tout mon coeur mais qui me réveille à 5h27 pétantes le matin. Tout le monde adorerait ne pas être fatigué. Mais cela n’est pas possible. Car – INDICE – nous sommes pauvres.

Ce monde me fatigue franchement.

Bon mais comme on va pas passer trois heures là-dessus non plus je vous propose de nous déplacer subtilement vers notre dernier sujet pour aujourd’hui, à savoir le pack extrême droite + pédophile + théories du complot. Je sais pas si vous avez suivi les histoires des Qanon et du Pizzagate aux Etats-Unis (j’étais parti pour vous résumer le bazar en détail et puis subitement j’ai été pris d’une grosse flemme donc je vous dirai juste pour vous expliquer le truc dans les grandes lignes que tout un tas de gens, notamment avec des tendances extrême-droite / passion théories du complot s’imaginent actuellement qu’il y a un complot pédophile à la tête de l’Etat américain (avec pour héros chevalier blanc: Trump), et que le mot « pizza » serait notamment utilisé dans des mails de Joe Biden pour masquer des atrocités faites contre des enfants) (cette histoire me fatigue rien qu’au bout de 30 secondes. Je pense que c’est la principale force des complotistes: forcer tout le monde à débattre & réfléchir sur des trucs totalement absurdes. C’est le complot de faire perdre son temps au peuple).

Il y a tout un tas de trucs qui m’énervent au sujet des pédophiles mais si je devais citer le principal truc qui me donne envie de grogner, c’est ces gens qui s’imaginent que les pédophiles seraient un groupe secret composé de gens riches et mystérieux… alors que les pédophiles sont souvent tout bêtement sous nos yeux, dans nos familles. C’est sûr que c’est plus frisson de s’imaginer être dans un film d’action en mode agent du FBI qui démantèle un réseau top secret de pervers que de s’attaquer à l’oncle libidineux qui regarde des vidéos d’adolescentes sur Youporn sur la mezzanine. BREF. Ce qui nous amène à ce super article de Streetpress, dont je vous résumerais la thèse de la manière suivante: pourquoi les gens d’extrême-droite accusent-ils toujours les gens de gauche de pédophilie alors que ce sont souvent eux-mêmes les pédophiles?

« StreetPress a pu mettre la main sur [une archive d’Alain de Benoist, fidèle soutien de Gabriel Matzneff]. Il y aborde notamment les penchants pédophiles de l’auteur, qui seraient à l’époque critiqués. […] Pour Alain de Benoist, c’est « ce scandale qui [le] scandalise » : « Il me semble, selon mon échelle de valeurs personnelles, qu’il est plus “scandaleux” de regarder les jeux télévisés, de jouer au Loto (…) que d’avoir la passion des fesses fraîches, des émotions naissantes et des seins en bouton. » Selon [le sociologue] Pierre Verdrager, qui notait déjà les propos de l’intellectuel dans son ouvrage, la position d’Alain de Benoist s’explique par « un racisme de classe très fort ». « Avoir une attitude pédophile, c’est être contre le sens commun, contre la plèbe, les gens ordinaires. C’est très important pour De Benoist ou Matzneff de mépriser ces personnes », pense le chercheur« 

Je vous laisserai en tirer les conclusions que vous voulez, et sur ce, terminons avec cette citation (source? impossible de la retrouver. sorry not sorry) qui fait un lien entre une « société des introvertis » et la période que nous vivons (indice: je l’avoue, j’adore être forcé de me déplacer peu et de ne voir que peu de mammifères. au fond de moi je trouve cette période top ronron)

« In a way, the world is catching up with the vision of artist Hamja Ahsan’s manifesto, Shy Radicals (2017). Ahsan’s book called for a ‘pan-Shyistic’ society of introverts, the asocial and the reclusive. Challenging what he calls ‘extrovert supremacy’, Ahsan proposes a speculative Walden pond for our moment of hyper-visibility, livestreams and influencers. This state would ensure its citizens ‘freedom from small talk; freedom from coercive visual distraction; freedom from enforced jollity’. Its constitution proclaims: ‘No one shall be required to attend or perform at social gatherings.’ » On 31 March, she published a nuanced essay in Germany’s Frankfurter Allgemeine newspaper tactfully posing a provocative question: are these coronavirus times not, perhaps, in part a return to normalcy?« 

salut les jantes,

aujourd’hui nous allons inaugurer un nouveau format d’écriture sur ce blog (j’espère que vous appréciez être à la pointe de l’innovation littéraire), à savoir l’abandon des majuscules et des points, qui sont trop chiants à taper sur le clavier avec juste un doigt

en effet et comme si l’été 2020 n’était pas suffisamment pourri, j’ai eu un accident de vélo et je me suis cassé l’épaule droite – ce qui rend tous les gestes de la vie quotidienne très pénibles (y compris les gestes les plus anodins comme couper un bout de papier toilette et s’essuyer les fesses de la main gauche)

mais comme ce n’est pas une patte en écharpe qui va m’arrêter, je me suis dit que j’allais quand même me lancer dans une liste de trucs – format qui je le rappelle fait toute la renommée internationale de ce blog, et me permet de toucher de juteuses royalties grâce à mes partenariats rémunérés avec l’association des gros renards sauvages

donc sans attendre:

liste des trucs nuls du mois:

  1. les vidéos d’intérieur de stars

    il y a une nouvelle tendance sur youtube: c’est celle des « house tour » de célébrités, postées sur la chaîne architectural digest
    le concept est simple: on y suit un riche dans sa demeure, qui nous guide à travers les pièces en nous expliquant de manière débonnaire ses choix décoratifs et architecturaux (en mode: ah cette table en marbre à 300 000 boules, oh une simple table de jardin, je vous la montre pas pour me la péter hein, moi j’aime pas le luxe ostentatoire, c’est juste pour vous donner des tips de déco… des petits trucs que vous pouvez faire pour agrémenter votre intérieur…)
    je ne sais pas qui a eu l’idée de créer ce concept de vidéos mais de toute évidence le but est de faire en sorte que les pauvres adulent les riches et souhaitent leur ressembler, afin de leur ôter toute envie de faire la révolution (j’essaye de ne pas être complotiste mais je ne vois pas d’autre explication)
    c’est un peu raté parce que moi, ça me donne envie de cramer plein de trucs (et en premier la buanderie de jessica alba, qu’on peut visiter à 10:00 sous cette vidéo)
  2. la mort de david graeber

    franchement il n’y a pas de justice dans ce monde
    je suis tellement triste que david graeber soit mort, ça me fait penser à une réflexion que ma mémé me faisait souvent quand j’étais petit, qui était que vivre très vieux, ça servait à rien parce que tous les gens que vous aimez mourront avant vous et que vous serez tout seul à la fin
    comme j’ai des angoisses de mort en ce moment je me suis dit que peut-être un jour danychou (alias daniel schneidermann d’arrêt sur images, mon gourou du journalisme avec ses questions insistantes et pête-couilles) allait mourir aussi et ça m’a foutu un bourdon pas possible

liste des trucs moins nuls du mois:

  1. la newsletter brain pickingsj’ai glapi d’émotion quand je suis tombé sur ce super ovni littéraire croisé avec une boite à idées (si vous ne devez cliquer que sur un lien aujourd’hui je vous conseille celui-là)
    ça m’a fait penser que si un jour je perds mon boulot, je ferai de la grosse newsletter comme maria popova (qui je suis désolé est clairement mon alter-égo, passion pour l’haltérophilie incluse)
  2. les commentaires google concernant l’accueil en garde à vue dans les commissariats marseillais
  3. les vieilles lettres de rupture d’exs oubliésen faisant du tri dans mes affaires je suis tombée sur cette lettre de rupture qui date de l’année de mes 18 ans
    je me souviens avoir été excessivement triste en la recevant (c’était une lettre de réponse à une missive que j’avais envoyée pendant les vacances d’été, pour savoir si l’individu en question serait dispo pour poursuivre notre relation amoureuse à la rentrée)
    dix ans plus tard, la relecture de cette lettre m’a valu un fou rire mémorable (je ne me rappelais pas que j’étais sorti avec un sarkoziste) (par contre je suis un peu déçu que cette personne m’ait qualifié de nul en organisation. je croyais que c’était un de mes points forts)

  4. alexandria ocasio-cortez

    l’autre jour je suis tombée sur une vidéo où aoc fait sa routine maquillage face caméra, pour la chaîne youtube de vogue
    j’ai cliqué, persuadé que j’allais pousser des grognements de rage
    hé bah figurez-vous que pas du tout
    elle réussit l’exploit de parler de politique tout en s’appliquant du higlighter – et le tout sans jamais sombrer dans l’anecdotique ou le superficiel
    (je suis amoureux de cette personne)

bon sur ce je vous dis à la prochaine (et si vous avez des vidéos de workout spécial « sans les bras » à me conseiller, je suis preneur – pour l’instant mes recherches ne m’ont amené que sur cette vidéo d’une mère et son fils nés sans bras, qui se font cuire des steaks avec leurs pieds)

Salut les gros caillots,

Je n’avais pas prévu de poster quoi que ce soit aujourd’hui mais il se trouve que je me suis connecté par hasard sur ce blog (dans le cadre de la procédure « sécurité informatique & mise à jour des mots de passe afin de passer un jeudi après-midi de MERDE ») et je me suis dit « ah tiens, et si je profitais d’être connecté pour grogner sur les fausses couches? »

Pour être parfaitement honnête, j’ai hésité quelques instants avant de pondre le texte qui va suivre car il se trouve qu’il y a des personnes qui me connaissent en vrai qui connaissent l’existence de ce blog. Je pense à deux individus en particulier (si vous passez par là: CASSEZ-VOUS, les ruptures amicales c’est fait pour couper le cordon, pas pour stalker ses ex-amis ad vitam aeternam). Puis je me suis dit que ça manquait vraiment de témoignages honnêtes sur les fausses couches sur internet et qu’il fallait en faire une storytime (je perds pas mes réflexes de blogueuse mode).

Donc, le week-end dernier, j’ai fait une fausse couche.

Evidemment, je savais que ce genre de truc arrivait, de la même manière qu’on sait qu’on peut avoir des accidents de voiture la nuit ou qu’on peut choper l’échinococcose en mangeant des myrtilles sauvages sur lesquelles les renards ont pissé, mais en règle générale, ce genre de couille arrive aux autres, c’est bien connu. Je m’étais donc lancé dans la gestation le coussinet décontracté, persuadé que tout allait bien se passer. Je ne m’étais pas mis la rate au court bouillon à chaque repas à cause des risques de toxoplasmose, j’avais continué à faire du sport comme avant, et j’avais annoncé à la plupart des gens que j’aimais qu’un renardeau était prévu pour le mois de février. Tout le monde était très content.

J’étais particulièrement satisfait car moi qui ai tendance à être un renard stressé du bulbe, je constatais que ces histoires de maternité me procuraient étonnament un calme olympien. Je voyais toutes ces meufs se stresser sur youtube ou instagram pour donner une éducation parfaite à leurs enfants ou réussir à obtenir la grossesse bio la plus optimale et moi je me disais juste « pétez un coup » tout en me grattant la panse sur le canapé. J’étais persuadé être sur la voie royale pour devenir un parent top détendu du slibard.

Jusqu’au jour où j’ai commencé à perdre du sang.

Au début c’était pas grand chose: des pertes brunes un peu comme du spotting. Et puis c’est devenu du sang rouge vif plus abondant, alors je suis allé aux urgences. Là, on m’a fait une échographie, et on m’a dit que le renardeau (qui était censé avoir deux mois) ne s’était pas assez bien développé. Que ça faisait plusieurs semaines déjà qu’il était mort, et que j’étais en train de faire une fausse couche. On m’a renvoyé au terrier sans plus d’explications, juste un vague « vous verrez ça va sortir tout seul » (indice: c’était un conseil de merde). Que j’interprêté comme un simple « vous allez avoir vos règles vous inquiétez pas ».

Le lendemain donc, triste mais néanmoins déterminé à ne pas me laisser abattre, je suis allé au restau. Je me suis dit que quitte à ne plus être enceint autant en profiter pour remanger du bon fromage parce que je ne sais pas vous mais moi ce qui m’avait le plus manqué ce n’était pas l’alcool, mais les fromages fermiers. Au restau donc, je bois du vin. Je parle de la fausse couche mais pas que et alcoolisation aidant je sens que ça va un peu mieux – jusqu’au moment des fromages justement. Je plante ma canine dans un premier bout de Beaufort quand sprotch je sens qu’un truc lourd et liquide vient de tomber dans mon slip. Je sais pas si vous avez déjà lu le post de Titiou Lecocq intitulé « l’épisode du foie de veau« ? Hé bah c’était ça: dans ma culotte, et je le constate en allant aux toilettes, il y avait un foie de veau.

(astuce: si vous faites une fausse couche, évitez d’avoir bu comme un trou avant)

A ce moment précis de l’histoire, une seule chose me tracasse de manière irationnelle: le fait que si je quitte le restaurant maintenant, je n’aurai pas le temps de manger le dessert (parfois je me dis que j’ai un problème avec la nourriture).

Finalement, je n’ai pas le temps de tergiverser bien longtemps car un DEUXIEME foie de veau tombe dans les toilettes. Le truc était lancé. Je me suis mis à avoir des contractions (comme dans les vrais accouchements, sauf qu’il n’y avait aucun enfant en bonne santé à la clef), et j’ai claudiqué en direction de mon mâle pour qu’il récupère les clefs de la voiture et me ramène à la maison, vite.

A partir de ce moment-là, ça a duré cinq heures. Cinq heures au cours desquelles, rentrés à la maison et après avoir tâché le siège passager de la voiture comme dans les pires films d’horreur, j’ai perdu tout un tas de caillots qui faisaient la largeur d’un pied et pendant lesquelles j’ai saigné en continu, comme si on avait ouvert un robinet de sang. Et les questions: pourquoi est-ce qu’à aucun moment de ma vie, je ne suis tombé sur un témoignage de fausse couche? Pourquoi je n’avais aucune idée de ce que c’était? Et d’ailleurs, est-ce que c’est normal que je saigne autant? A quel moment sait-on qu’on fait une hémoragie? Idem pour la douleur: à quel moment peut-on dire qu’elle n’est pas tolérable?

Le mâle essayait de bien faire: il récupérait les caillots au fur et à mesure pour qu’ils ne bouchent pas le siphon de la baignoire pendant que je faisais couler sur mon ventre de l’eau chaude dans des volumes équivalent au lac majeur, et quand j’ai eu trop mal et que j’étais incapable d’avaler un anti-douleur il me l’a écrasé dans de la confiture de fraise (ça partait d’une bonne intention mais clairement c’était la pire idée du siècle, la confiture de fraise ressemblant à deux gouttes d’eau aux amas de sang que je perdais)

Vers 21h, la poche contenant l’embryon est tombée. J’ai compris à ce moment-là que c’était ce que le corps avait cherché à faire depuis le début et que c’était pour ça que les contractions s’étaient peu à peu intensifiées. Expulser la poche. Sur le coup, je n’ai pas réussi à la regarder alors mon mâle l’a jettée à la poubelle (deux jours plus tard, pris de remords à l’idée que l’embryon de renardeau gisait dans la poubelle commune de l’immeuble, je suis allé le récupérer pour pouvoir l’enterrer correctement).

Les jours qui ont suivi, entre deux séances HORRIBLES de contractions (car spoiler: le corps continue à souffrir même quand on ne saigne plus beaucoup) j’ai fait tout un tas de recherches sur internet et j’ai découvert qu’il y avait une sorte de tabou autour des fausses couches. Il y a tout cet univers féminin de la procréation dans lequel il est de bon goût de ne pas annoncer sa grossesse avant les fameux trois mois – en mode si tu le fais, ne viens pas te plaindre ensuite s’il y a un problème et que tu dois annoncer la mauvaise nouvelle à tout le monde. Mais en vrai, c’est un conseil complètement con. J’ai été vraiment soulagé d’avoir parlé de ma grossesse à mes proches, parce que j’ai pu leur dire ce qui m’arrivait au moment où il y a eu des problèmes. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans toutes les gratouilles et messages gentils que j’ai reçus: ça m’a fourni un socle vraiment solide pour me sentir rapidement mieux. Il y a eu aussi quelques vidéos sur youtube qui m’ont aidé, comme celle-ci. Et puis ce fantastique compte instagram, mespresquesriens.

Pendant plusieurs, jours, j’ai été monomaniaque de la fausse couche. Comme si j’allais écrire une thèse dessus et qu’il me fallait emmagasiner le plus d’informations sur le sujet. Pour quelles raisons ça arrive? Comment l’éviter? Est-ce que c’est synonyme de difficultés à avoir des enfants par la suite? En combien de temps s’en remet-on? Et à chaque fois, le constat, toujours le même: une femme sur quatre y sera confrontée au moins une fois dans sa vie, et pourtant, on en parle pas – ou trop peu.

J’ai sû que ça commençait à aller mieux quand j’ai eu un fou rire en regardant un sketch de Paul Mirabel:

Je sais pas trop comment clôturer cet article qui était environ le plus pourri de toute l’histoire du blog. Du coup je vais me contenter de vous recommander deux livres cool que j’ai lus ces derniers temps. Ca a à voir avec l’enfance, le silence et la loyauté familiale: Une éducation de Tara Westover et l’Empreinte, d’Alexandria Marzano Lesnevich.

A plus les moules, pour je l’espère des nouvelles plus réjouissantes et des portées de jeunes mammifères glapissants.

PUTAIN je suis top dégoutté du timing du coronavirus. Il y a de ça quelques années, alors que je végétais dans un bullshit job des plus ennuyeux, j’aurais été ravi de rester à la maiz toute la journée à regarder mariés au premier regard en replay avec interdiction d’aller travailler. Mais aujourd’hui, j’avoue tout: le confinement me rend DINGO. Les renards veulent sortir dehors se dégourdir les pattes! Humer l’air frais du printemps! Mordre des mollets!!!

Mais comme je suis un animal sympa voici 2-3 pistes de trucs à lire / docus à regarder si vous vous faites chier dans votre grotte:

Ce documentaire est vraiment fantastique car il est l’antidote parfait à tous les blogs de course à pied qui fleurissent sur internet: une fois que vous l’aurez regardé, vous soupirerez d’aise d’avoir les fesses douillettement lovées dans votre canapé et de ne pas avoir fait de sport aujourd’hui. Le principe du marathon de Barkley, dans le Tennessee, est le suivant: il s’agit d’effectuer cinq boucles d’une course d’orientation dans les bois, d’une distance de 160 km, avec un dénivelé de deux fois l’Everest. La plupart des participants finissent, épuisés par l’effort et le manque de sommeil, par abandonner en chouinant ou par errer hagards dans les bois: il s’agit en effet de terminer la course en moins de 60 heures, ce qui ne laisse pas beaucoup de possibilités de siestes dans les fourrés.

Le docu suit les moultes tentatives du sportif professionnel Gary Robbins pour réussir à finir le marathon. C’est une sorte de mythe de Sisyphe des temps modernes (car je vous spoile la fin: malgré trois tentatives à la suite, il n’a encore jamais réussi. Je pense que c’est parce qu’il n’a pas une alimentation adaptée: en effet Gary Robbins avale du KETCHUP entre chaque tour afin de reprendre des forces).

  • Rêver l’obscur – Starhawk

« Cet espoir se maintient dans un équilibre si délicat qu’il est possible que les choix de n’importe lequel d’entre nous puissent faire pencher la balance. Si ces mots par moments semblent avoir du pouvoir sur vous, pensez ce pouvoir comme la mesure du pouvoir que vous avez si vous le prenez, si vous le tirez de l’obscurité, si vous le risquez. Et c’est peut-être vous, votre prise, votre voix, votre travail, votre joie, votre amour, qui ferez la différence. C’est peut-être par vous que passera la réappropriation du monde. Aussi ce soir je sens un sentiment d’espoir. J’ai l’impression vivifiante, et donc d’une formidable certitude, d’une relève qui se prépare, comme si nous faisions tous partie d’un rituel qui maintenant va commencer ».

Starkawk est une sorcière, écoféministe et activiste américaine. Rêver l’obscur est son livre le plus cool; elle y parle de magie comme technique d’action (en ce basant notamment sur son expérience anti-nucléaire), de prise de décision au sein d’un groupe, de rituels pour récupérer notre pouvoir intérieur et ne plus le laisser s’exercer depuis l’extérieur, de la manière dont on peut transformer nes peurs en rêvant collectivement.

Je voulais vous écrire plein de trucs intelligents là-dessus mais mon mâle vient de m’abattre un gourdin sur la tête car je ne suis pas à l’heure pour boire des bières – il ne faut pas oublier que nous sommes vendredi soir. Je termine avec ce court métrage sur les youtubeuses qui se filment en train de faire le ménage (que je vous conseille de regarder jusqu’au bout).

Allez bye.

« Nous devons considérer le Web avant tout comme un support, un système capable de véhiculer de l’information d’une TAZ [Zone Autonome Temporaire] à l’autre. […] Mais plus encore, si la TAZ est un campement nomade, alors le Web est le pourvoyeur des chats épiques, des généalogies et des légendes de la tribu; il a en mémoire les routes secrètes des caravanes et les chemins d’embuscade qui assurent la fluidité de l’économie tribale; il contient même certaines des routes à suivre et certains rêves qui seront vécus comme autant de signes et d’augures »

Hakim Bey

Salut les poils incarnés,

Ici la liste des trucs du mois (avec des nouvelles rubriques! je me sens top organisé).

1.LES ARTICLES A LIRE CE MOIS-CI

  • The death of the working class reporter: Journalism is becoming an elite profession – and that’s bad news. (Justin Ward)

Je ne sais pas vous mais j’ai une dent tenace contre les conseillères d’orientation (qui sont elles? quels sont leurs réseaux?). Je me souviens en particulier du fou rire que la conseillère d’orientation de mon lycée avait eu quand, suite à la lecture de mon dossier scolaire, je lui avais dit que j’aimerais bien être journaliste. « On va plutôt se diriger vers un IUT commerce« , m’avait-elle dit entre deux gloussements, tant la perspective que le renardeau que j’étais fasse une grande école lui paraissait exotique.

C’était il y a plus de dix ans, et entre-temps les choses ne se sont pas arrangées:

« Gone are the days when a person could parlay a part-time job as a copyboy at the Palookaville Times-Picayune into a career as a globetrotting ace reporter. Where once there were many paths to success in journalism, now there is only one—and very few can afford to walk it. It’s no longer possible forgo a college education and jump right into the news biz. An undergraduate degree is usually not enough, either. You’re competing against people with master’s degrees from Columbia who were doing prestigious unpaid internships while you were dropping chicken wings into a vat of fryer grease until 6 a.m. to avoid taking out another PLUS Loan. […] Journalism is increasingly becoming off limits for all except the privileged few, and this reality can be seen in the composition of America’s top news rooms. […] t’s hard to overstate the danger of journalism, once considered a calling, turning into nothing more than a paid hobby of the privileged few. […] How can one who is intimate with the powerful “speak truth to power? […] How is a person supposed to “comfort the afflicted and afflict the comfortable” when they’ve never known anything but comfort? »

  • A Chamonix, des montagnards excédés par les traileurs (Le Monde)

« Les hommes courent cul nu depuis la nuit des temps mais, là, on a inventé des tenues à 1 500 euros et une pratique qui dépasse en narcissisme tout ce que l’alpinisme a produit. Je vais dans les magasins pour vérifier les raisons de ma hargne. Ils y vendent des lacets intelligents et la moindre paire de chaussettes, tu peux te payer des skis avec ! »

Un article qui donne enfin la parole aux personnes qui sont top grugru au sujet de l’Ultra-Trail du mont Blanc (indice: les renards en font partie), alias cet événement affreux qui a lieu tous les ans à Chamonix et qui attire tout ce que la blogosphère sportive produit de pire (oui Anne Dubndidu, c’est bien de toi dont je parle).

Où l’on apprend que pour sauver la planète, il faut faire un don à l’ASPAS (l’association pref de tous les temps des renards).

  • The Coast of Utopia: From the looks of Instagram, Courtney Adamo and the surfing mamas of Byron Bay are living the dream. Can it be real? (Vanity Fair)

J’avoue tout: j’adore lire Vanity Fair (c’est, avec So Foot, mon magazine favori). Cet article sur les murfers (contraction de « moms » et de « surfers« ) est un petit bijou de vulgarisation au sujet du concept de white privilege. Vous saurez désormais quoi répondre aux macronistes de votre entourage quand ils vous sortiront qu’ils ont décidé de changer de vie et d’aller vivre une vie bio & zéro déchet à la campagne, en vivant de leurs posts sur les réseaux sociaux:

« At first, Instagram felt like a psychological balm—a world apart from the sustained rage of Twitter and horror of Facebook. All those pretty pictures of cute kids and lovely interiors and far-flung destinations were soothing, reassuring. Then Facebook purchased Instagram in 2012 and launched sponsored posts a year later. […] In just a few years, the app has turned making your life look like a vacation into an actual job for some (yes, there really are all kinds) and, for others, has become a constant reminder that watching people live as though on vacation is the only vacation most people can afford. Instagram makes us sad now. Surveys have found it to be the worst social media platform for mental health. […] Byron Bay, which has long been an actual hippie-surfer-wellness alternative lifestyle destination, has lately emerged as a kind of virtual utopia as well—thanks, in part, to all the ethical, organic, sustainable, conscious fashion labels to come out of there in recent years. […] Never mind that Australia’s policies on immigration and refugees are draconian bordering on vicious. In this young, mostly white, ahistorical, neoliberal utopia of the imagination, anyone can go anywhere. All you have to do is have a yard sale, hop in the gypsy caravan, point a finger at a map, and take up legal permanent residence anyplace that best showcases your lifestyle. »

LE POINT ECOLOGIE DU MOIS

LES TRUCS NULS DU MOIS

Je me suis retrouvé à écouter cette daube après avoir lu un article suspicieusement laudatif à son sujet dans Telerama (note pour moi-même: arrêter de suivre les conseils culturels de Telerama). Pourtant, le concept du podcast avait tout pour m’allécher: il y était question de « l’intimité des aventuriers des temps modernes » et les titres des épisodes étaient délicieusement exotiques: « À la recherche des plantes sauvages de Nouvelle-Zélande« , « Pédalier d’enfer sur la plus haute route du monde« , « Sur les traces du grizzli le long du Yukon » (les grizzlis, comme chacun le sait, c’est ma passion. surtout quand j’ai les fesses douillettement lovées dans mon canapé).

J’aurais dû me méfier: c’est bien connu que depuis la nuit des temps, les explorateurs ne sont rien d’autre que des mecs blancs privilégiés qui peuvent se payer le luxe de ne pas travailler pour aller faire chier le peuple à l’autre bout de la terre, et ramener dans leur valise tout un tas de récits de voyage faussement héroiques pour pouvoir se faire mousser sans effort.

Si vous voulez de l’aventure, de la vraie, je vous conseille « La vallée des loups » (ce documentaire est TROP BIEN et en plus dedans on y voit un renard manger du caca pour marquer son territoire).

« Quand on cherche l’animal, on se retrouve soi-même. Quand on cherche le loup, on rencontre l’Homme. Pas forcément moi. L’être humain. L’animal trimballe des tas de choses qui traînent dans notre inconscient collectif. Se retrouver face à soi, seul, longtemps; on est dans un monde de fous, speed, assez superficiel. Quand j’avais un loup face à moi, je me disais qu’il était peut être déjà là il y a 10 000 ans, sur un territoire identique, avec des hommes, un peu différents.Ça prend tout de suite une dimension philosophique, spirituelle, mais pas de la spiritualité chiante, pas de mysticisme, spirituelle… Le mystère… Avec toutes les réponses qui sont là, dans les brins d’herbe, dans l’ADN des êtres… Le Grand Tout. En étant autre qu’un écolo caricatural ou je ne sais quoi. »

-Interview de Jean-Michel Bertrand dans FauneSauvage

J’ai toujours été très méfiant par rapport au concept des vlogs de voyage (non seulement c’est pas écolo, mais en plus c’est vraiment obscène d’afficher ses photos de vacances à l’autre bout du monde en faisant comme si cela était très accessible financièrement alors que 99% des gens qui regardent ce genre de contenu sponsorisé n’ont plus d’argent le 15 du mois).

Ca fait des mois que je grogne sur les blogueuses mode qui partent à Dubai mais j’avoue qu’avec AggieLal, on atteint le ponpon. La meuf (une influenceuse américaine, donc, tendance « bonne conscience et good vibes », bien le style à poster des citations du style « be the change you want to see in the world« ) a effectué en toute innocence un voyage sponsorisé en Arabie Saoudite. Le mec qui a organisé ce petit voyage de presse aux frais de la princesse n’est autre que le prince Turki Al-Faisal, qui était auparavant à la tête des services de renseignement du pays (autant vous dire que cet individu n’a rien d’un bisounours). Objectif: donner une bonne image de l’émirat, suite à l’affaire Khashoggi qui avait fait un peu tâche.

Bref, ça me donne envie de vomir.

  • François Bégaudeau

Je déteste François Bégaudeau, sa manière de parler de gros bourge, son égocentrisme et son absence totale de modestie. Mais il se trouve que le concept de son dernier bouquin, Histoire de ta bêtise, était des plus excitants:

« Tu votes toujours au second tour des élections quand l’extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage. Par conséquent, l’abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible.Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel.Tu es bien convaincu qu’au fond les extrêmes se touchent. L’élection de Donald Trump et le Brexit t’ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d’assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.Naturellement tu dénonces les conflits d’intérêts, mais tu penses qu’en voir partout relève du complotisme.Tu utilises parfois (souvent ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi. Tu leur préfères définitivement le mot ouverture. Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi »

J’ai donc acheté ce livre. Et indice: je n’ai pas réussi à le finir. Liste de trucs qui m’ont top énervés:

  • François Bégaudeau qui critique les gros bourges tout en étant lui-même un gros bourge, ambiance « un riche de gauche parle aux autres riches de gauche ». On a juste envie de lui dire mec, si les classes populaires sont aussi importantes pour toi alors ARRÊTE DE PARLER A LEUR PLACE, tais-toi, et laisse leur un peu d’espace dans les médias pour qu’elles puissent enfin s’exprimmer. On a pas besoin de toi pour nous défendre, on sait très bien que l’unique raison pour laquelle tu écris des livres c’est parce que tu adores être invité à la télé.
  • Cette manie qu’a François Bégaudeau de se croire top de gauche car a) il adore les mégots fumants dans les cendriers des PMU et b) c’est un aficionado de punk rock. Franchement à un moment cette personne n’a tellement pas le sens de la gène qu’il mériterait vraiment de se faire écraser un gourdin sur le crâne. Il ressemble à toutes ces vieilles rentières de Neuilly qui se pensent top rebelles parce que dans les années 68 elles écoutaient du rock en fumant des gros pétards dans des squats rive gauche.
  • De toute façon, François Bégaudeau est originaire de Vendée. Je ne souhaite pas faire mon Emmanuel Todd avec son origine des systèmes familiaux mais je pense qu’on devrait se méfier d’une personne qui provient d’une région tradititionnellement a) de droite b) catholique c) monarchiste.
  • Le point de non-retour a été atteint quand j’ai lu que François Bégaudeau qu’il trouvait ça top bourge d’être ému face à un paysage de montagne et que lui, s’il devait choisir entre la beauté de la nature et un débat intellectuel (comprendre: la masturbation intellectuelle) il choisirait la deuxième option. Je me suis dit: je vois pas pourquoi je continuerais à perdre mon temps avec cet espèce d’urbain hors-sol. Et j’ai abandonné son livre à la piscine municipale.

Pour terminer: LA BONNE NOUVELLE DU MOIS

 

 

 

« Quant à la forme: des individus de ton espèce, sans ouverture de cœur puisque dépourvus de toute spiritualité incarnée, méritent le nom d’enculés. Je te conseille même de le porter comme prénom: il t’ira comme un gant – et pourquoi pas sur tes cartes de visite. Voilà ce que je tenais à t’écrire: le monde étant circulaire, nous nous rencontrerons un jour ou l’autre. A bientôt donc, enculé. »

-Extrait d’une lettre de rupture envoyée par un individu adepte du reiki à son ex-meilleur ami suite à une trahison amoureuse

« Je suis une femme et j’ai été membre de la ligue du lol. »

Je suis tombé sur cet article par hasard et ce pile après avoir pris la décision de ne pas vous infliger une monographie au sujet de la ligue du lol – sujet qui, comme on le sait tous, nous pête les couilles. Or il se trouve que la personne qui a pondu ce texte (et dont je n’ai volontairement pas cherché à fouiner l’identité) résume à peu près tout ce que je pense de cette histoire.

Pour commencer et afin d’être transparent sur mes conflits d’intérêt, il faut que je précise plusieurs choses:

a) je suis un renard de sexe féminin;

b) les membres de la ligue du lol, à l’époque où ils sévissaient activement sur les réseaux sociaux (cad au début des années 2010), étaient des individus qui me faisaient souvent rire lors des longues heures d’ennui au travail que je passais à écumer internet pour me distraire;

c) je ne connais personnellement aucun membre de la ligue du lol. Je ne savais d’ailleurs pas qu’ils formaient une « ligue », ni ne connaissais l’existence de leur groupe facebook. Et je ne savais évidemment pas que certains d’entre eux harcelaient des femmes violemment, à coups d’insultes sexistes et de photomontages porno (si je l’avais sû cela ne m’aurait bien sûr pas fait rire).

Pour moi l’histoire de la ligue du lol, ce n’est pas tant une histoire de machisme sur internet qu’une affaire symptomatique de l’hypocrisie du monde des médias vis-à-vis des problématiques féministes (ou comment ceux qui se positionnent comme les plus féministes sont peut être un peu des tartuffes).

1. Brain Magazine.

Pendant des années, Vincent Glad a animé quotidiennement la « Page Président » du site – sorte de revue de presse du pire de ce que produisait Internet chaque jour et qui, aux côtés de la « Page Pute« , constituait la majorité du trafic de Brain, ambiance photo-montages flashy, couilles en gros plan et doigts dans le nez – et ce sans que personne ne trouve rien à y redire. Au contraire, tous les journalistes-web un peu hype de l’époque trouvaient ça excessivement rigolo – le summum du cool parisien, c’était de passer ses journées à s’envoyer des vidéos de chat et de pépés en slip qui dansaient la macarena, tout en ricanant sur la mort annoncée des journaux papier et payants.

Pourtant, quand l’affaire de la ligue du lol a éclaté, Brain s’est fendu du communiqué de presse suivant:

« Si nous ignorions tout de la « Ligue du LOL », c’est pour une raison très simple : à l’époque où elle sévissait, on était trop occupés à monter un magazine respectueux des femmes, des LGBT, des minorités. Et le féminisme pour nous n’a jamais été une option ou un truc « relou », c’est quelque chose qui irrigue notre ton et le mode de fonctionnement de notre boîte. »

Mais je RIS quoi. Si Brain était un magazine féministe, alors je suis une carotte. Je me souviens avoir reçu comme cadeau d’anniversaire pour mes 20 ans un tote bag en coton qui provenait tout droit de la boutique en ligne de Brain et qui était à imprimé « chats & pédophiles célèbres » – je pense qu’on a connu mieux pour défendre la cause des femmes. Et tout le site est sur la même ligne éditoriale – il suffit d’aller visiter la page cul pour constater que Brain est un magazine fait par des mâles parisiens machos, pour des mâles parisiens machos.

2. Matthias Jambon-Puillet.

J’ai découvert l’existence de Matthias Jambon-Puillet il y a une dizaine d’années au détour d’une conversation avec une amie qui venait de se faire larguer par le susnommé dans des circonstances que j’avais perçues à l’époque (j’essaye de faire attention à ce que j’écris pour ne pas faire de diffamation) comme « pas top féministes ».

« Mais tu comprends pas« , m’avait elle dit, après que j’aie grogné, un bon réac qui se respecte, sur les méfaits du concept de l’amour libre, « il essaye d’écrire des livres, c’est un artiste« . « EN QUOI C’EST UNE EXCUSE? », avais-je fulminé sur mon vélo ce soir-là en rentrant chez moi – et je crois que c’est cette dernière phrase (plus que le nom de famille à base de jambon qui me faisait irrémédiablement penser à un croque-monsieur) qui m’avait donné envie de googler l’animal. C’est ainsi que j’étais tombé sur son blog, et que j’avais immédiatement, et irrémédiablement, pris en grippe Matthias Jambon-Puillet.

A cette époque, il n’avait pas encore été publié et son blog était un aller-retour incessant entre la description par le menu de ses ambitions littéraires (et je ne crois pas m’aventurer bien loin en disant que c’était un fonds de commerce assez rentable pour attirer la gente féminine) et des posts doux-amers sur les relations amoureuses. Vous voyez les héros masculins top énervants des romans de Murakami, des gros mollusques mélancoliques sans intérêt qui pourtant chopent inexplicablement de la femelle à tout va? Bah c’était ça. Ça me faisait grogner mais j’avais d’autres chats à fouetter (les blogueuses mode par exemple), c’est pourquoi le blog de Matthias Jambon-Puillet a sombré dans les limbes de ma mémoire… jusqu’à ce que je tombe sur son témoignage en plein milieu de l’affaire de la ligue du lol.

Ça m’a fait une drôle de sensation, qui m’était rarement arrivée avant en lisant des articles de presse. Bien sûr, on sait que les médias exagèrent parfois, que certaines enquêtes sont faites un peu par dessus le bras et que des personnes peu recommandables peuvent parfois être encensées sans raison (coucou BHL), mais c’était assez estomaquant de voir Matthias Jambon-Puillet se positionner comme un chevalier blanc du féminisme. Un peu comme la fameuse photo de Denis Baupin avec du rouge à lèvres pour lutter contre les violences faites aux femmes. Un passage en particulier de son témoignage m’a fait tiquer:

« J’ai fini par recroiser Renaud Aledo (@ClaudeLoup) dans un bar, à une soirée où il n’avait pas été convié. Et, ivre, il m’a donné son point de vue, l’origine de tout ça, en plus de la fois où il a cru que je couchais avec une amie qui lui avait dit non. « Je t’aime pas parce que t’es un faux gentil, tout ce que tu fais, c’est pour baiser des meufs. T’es pas un gentil, t’es un manipulateur, et il faut que tu tombes« . Voilà comment pense un sociopathe masculiniste, incapable de voir une autre vision du monde que la sienne, si je n’étais pas un con c’est forcément que je faisais semblant, et si je faisais semblant, c’était forcément pour coucher. Je l’ai attrapé par le col. Je n’ai pas lâché. Il m’a frappé les mains, je n’ai pas lâché. Le vigile du bar m’a demandé de sortir (il faut bien une première fois à tout). J’ai proposé à Renaud de me suivre, qu’on finisse la conversation dehors. Il a passé le reste de la soirée au fond du bar à se plaindre de notre interaction. Il ne m’a plus jamais emmerdé. »

C’était difficile pour moi à l’époque de lire tous les articles publiés sur la ligue du lol parce que je me sentais perpétuellement en décalage avec l’angle des papiers. Dans la citation précédente, ce qui me marque ce n’est pas tant le comportement macho de ce Renaud Aledo (je ne sais même pas qui c’est d’ailleurs). C’est cette phrase: « Je t’aime pas parce que t’es un faux gentil, tout ce que tu fais, c’est pour baiser des meufs. T’es pas un gentil, t’es un manipulateur« . Je me suis rendu compte que cette citation résumait à la perfection l’intuition, le jugement que j’avais eu au sujet de Matthias Jambon-Puillet le soir où, dix ans plus tôt, mon amie m’avait parlé de lui.

A ce stade, je me suis posé plein de questions. Est-ce que c’était mal de penser ça? Est-ce que, parce que j’étais d’accord avec le jugement d’un macho (car il n’y a pas à chier, le comportement de Renaud Aledo tel que décrit dans le témoignage de Matthias Jambon-Puillet est bel et bien un comportement de macho, et donc condamnable), je suis moi aussi un macho? Mais au contraire, est-ce que Matthias Jambon-Puillet est forcément féministe parce qu’il s’oppose à un macho?

Et c’est sur ce point que, il me semble, les médias qui ont offert à Matthias Jambon-Puillet un boulevard (notamment en reprenant sans vérification sa liste des soi-disant membres de la ligue du lol, qu’il avait postée sur twitter) ont commis une erreur. En traitant son harcèlement en ligne comme un des symptômes du machisme des membres de la ligue du lol. Et si la réalité était plus complexe? Et si il n’y avait pas eu d’un côté les méchants macho vs le gentil homme féministe? Mais des hommes macho vs un homme pas forcément très blanc de l’autre côté? Dans ce cas on est plus dans un fait de société, digne d’être raconté parce qu’éclairant des problématiques féministes. On est dans un conflit entre personnes, avec ses zones d’ombres, ses faits invérifiables car commis dans l’intimité des chambres à coucher. Et ça donne un témoignage qui, au final, est non utilisable.

Je reviendrai plus bas sur la responsabilité des médias dans cette histoire.

3. Daria Marx.

J’ai découvert Daria Marx suite à un article à son sujet dans Madmoizelle et, sur le papier, le concept de son blog ne pouvait que me séduire. Déjà, il y avait ce post intitulé « J’encule Christophe Barbier ». Et puis, la description du personnage:

 » Quand elle écrit, c’est comme si elle se battait avec elle-même. D’où cette impression que chacun de ses mots est comme un coup d’épée dans un duel sur le papier. En lisant son Tumblr, on a un sentiment mélangé : qui est cette fille ? Qu’est ce qui lui fout une rage pareille ? »

J’aime bien les petits excités de la plume, et pourtant je n’ai jamais réussi à devenir un lecteur assidu du blog de Daria Marx. Ça n’était pas le même genre de grossièreté stimulante pour l’esprit que celle de Cavanna, un usage jouissif du gros mot parce que toujours bien trouvé. C’était une accumulation de mots sales, souvent en lien avec la sexualité, presque toujours dégradants, pleins de violence. Le genre de lecture qu’on ne peut faire qu’en se sentant sali et attaqué (et pourtant j’ai adoré King Kong Theory). Je n’ai jamais réussi à établir de « connexion » mentale avec elle en la lisant – et pourtant la violence qu’elle avait en elle, violence liée entre autres aux agressions sexuelles qu’elle a subies enfant et à ses problèmes liés à son apparence physique, aurait dû me parler.

Parce que j’avais l’impression qu’il n’y avait pas de fond derrière ce qu’elle racontait, juste une volonté brute et aveugle de provocation. Exagérer la forme, les insultes, pour susciter des réactions violentes en retour; se nourrir de ces réactions. J’avais conscience qu’elle suscitait des commentaires très haineux sur les réseaux sociaux mais j’avais toujours cette impression étrange qu’elle jouait un double jeu; qu’elle se plaignait de la détestation qu’elle suscitait tout en en jouissant. Qu’elle trollait tout autant qu’elle se faisait troller. Et cette sensation de double discours n’a fait que s’accentuer avec le temps. J’étais par exemple de plus en plus mal à l’aise avec son féminisme poussé à l’extrême (Daria Marx se définit elle-même volontiers comme misandre) couplé à une haine de certaines femmes, qui perçait dans tout un tas de textes. Je me souviens en particulier d’un post – le dernier que j’avais lu d’elle, le point de non retour pour moi – où elle crachait sur les femmes minces, ridiculisait leurs fesses serrées dans leurs jeans moulants. Je lisais ça et je me disais meuf, t’as rien compris. Évidemment que la grossophobie est un fléau. Mais il n’y a rien de plus absurde que de taper sur les femmes maigres en retour.

Preuve que mon mal-être par rapport au féminisme pas très clair de Daria Marx n’était pas totalement dénué de fondement, le post-scriptum de son témoignage au sujet de la ligue du lol:

« Je voudrais dire que mon comportement sur Twitter n’est pas exemplaire. J’ai eu des propos nuls. J’ai eu des propos insultants, notamment envers certaines blogueuses comme Capucine Piot, et sans doute d’autres encore. Mon féminisme a évolué avec le temps. Je n’étais pas dans la sororité en 2011. J’espère démontrer par mes actes que je le suis aujourd’hui, de manière toujours imparfaite sans doute. »

« Pas dans la sororité« , c’est un doux euphémisme pour décrire ses textes et ses interventions à l’époque sur les réseaux sociaux. Et comme pour Matthias Jambon-Puillet , je me pose la question: pourquoi les médias n’ont-ils pas remis en contexte? Pourquoi avoir publié des captures d’écran des insultes qu’elle recevait mais pas des insultes qu’elle produisait, insultes qui ont pu cibler certaines femmes? Est-ce que Daria Marx était forcément féministe simplement parce qu’elle même s’auto-défininissait comme telle? (suffit-il de se dire anti-raciste pour ne pas être raciste?).

4. Les blogueuses mode.

Bon alors là on rentre dans de la grosse foire au boudin, alias, le gros n’importe quoi de cette histoire. Je ne parlerai pas du cas spécifique de Capucine Piot car j’ai découvert son existence seulement au moment de l’affaire de la ligue du lol. Mais par contre, le trolling de blogueuses mode étant un peu ma spécialité (et la raison d’être de ce blog), j’ai 2-3 autres trucs à dire:

Il y a une chose qui m’énerve excessivement sur internet: c’est cette idée très répandue, ce marronnier de la presse en mal de sujets intelligents à traiter, qui est que critiquer les blogueuses mode ou les youtubeuses beauté, c’est forcément être a) un troll b) anti-féministe.

La confusion vient, il me semble, des idées du féminisme libéral, qui ont dramatiquement infusé dans la société. Le but de la lutte féministe dans un contexte libéral est que les femmes puissent conquérir les positions de pouvoir (dans les médias, les entreprises, la politique, le sport etc) qui jusqu’ici étaient réservées aux hommes. Ce féminisme-là ne fait pas de distinction entre les buts à atteindre: du moment qu’une femme accomplit quelque chose qui jusqu’ici était seulement réservé aux hommes, alors cela doit forcément être valorisé. Ce type de féminisme va donc encenser en vrac Rachida Dati (qui se vante de ne quasiment pas avoir pris de congé maternité après la naissance de son enfant), la série Sex & the city (qui portraye comme modèle de vie réussie l’achat d’un appartement à new york avec une pièce entière dédiée à un dressing rempli de chaussures de luxe) ou le concept de « girl boss » (qui consiste à être une chef tout aussi insupportable que les chefs hommes, mais c’est ok car vous êtes une femme). La valorisation des blogueuses mode et des youtubeuses beauté est une conséquence directe du féminisme libéral. Or personne ne semble se poser la question du bien-fondé de tels parcours de vie: n’est-ce pas un peu contradictoire de gagner sa vie en vendant précisément ce qui aliène celle de toutes les autres? (OUI les produits de beauté: c’est bien de vous dont je parle).

La suite logique de cette conception libérale du féminisme, c’est que tout critique faite à l’égard des femmes est mécaniquement perçue comme une attaque contre les femmes en tant que femmes, et dont une attaque anti-féministe. L’exemple le plus marquant est la plainte sans cesse renouvelée, de la part des youtubeuses, du harcèlement sexiste en ligne – fable qui n’est autre qu’un story-telling au bénéfice des marques qui financent les influenceuses, mais que les médias reprennent sans la questionner. Il se trouve que je suis bien placé pour parler de ça parce que j’ai souvent essayé de laisser des commentaires critiques sous les vidéos des youtubeuses connues (je fais partie des gens qui pensent que youtube a une audience tellement importante parmi les plus jeunes qu’il est crucial de se battre pour que des règles de pluralisme et de débat contradictoire y soient respectés et que ça ne soit pas juste un espace laissé en open bar aux marques, de la même manière que le CSA a été créé pour encadrer les contenus proposés à la télé). Or ceux-ci ont été systématiquement modérés. Et ce même si le langage employé était tout à fait correct, les critiques argumentées. Tout simplement parce que les marques payent les youtubeuses pour un certain contenu, et que ce contenu englobe les commentaires, sélectionnés pour donner une bonne image.

Si vous voulez mon avis, on est très loin du féminisme et pourtant, pas un jour ne se passe sans que quelqu’un quelque part ne ponde un article laudatif sur telle ou telle blogueuse ou youtubeuse « qui fait tellement avancer la cause des femmes ».

Et c’est ça qui est top énervant, parce que cet internet là, cet internet des blogs de mode, de l’apparence et de la consommation, c’est précisément un internet dont nous ne voulons pas. Et – je ne m’avancerai pas à parler des motivations des membres de la ligue du lol car comme je l’ai dit plus haut je ne les connaissais pas, même si je me reconnaissais dans leur esprit moqueur et leur volonté de tourner en ridicule ce qu’ils estimaient être des fléaux pour la société, comme l’égocentrisme ou l’autopromo – si j’ai décidé de devenir un troll c’est justement pour cette raison. Parce que j’en avais marre de ne pas être entendu et que je me sentais sincèrement révolté qu’on érige en modèles des personnes qui pour moi faisaient un mal fou à la fois au féminisme – le vrai – et à la planète (via la promotion d’un mode de vie hyper-consumériste).

Alors que vient pour moi le moment de conclure et comme j’ai l’esprit en escalier, il me faut mentionner un fait qui m’a beaucoup questionné – ce genre de fait dissonant dont on ne sait pas quoi faire, qui ne colle pas dans l’idée qu’on se faisait d’une situation, d’une histoire, et qui, comme un caillou dans la chaussure, ne cesse de se rappeler à vous. C’est le fait que Vincent Glad ait été un des premiers journalistes à couvrir le mouvement des gilets jaunes.

Je suis récemment retombé sur cette interview qu’il a donnée au site Le vent se lève:

« [Ces groupes facebook de gilets jaunes,] c’est une masse d’informations qui est inédite. C’est un incroyable trésor. Le problème, c’est que sur ces groupes, l’énonciation est profondément différente du langage médiatique : c’est une parole plus brute, avec beaucoup de points d’exclamation, des fautes d’orthographe, une manière d’écrire qui ne se regarde pas écrire, une manière d’écrire comme on parlerait. Un journaliste normal – et moi le premier au départ – est entraîné à considérer cela comme de la parole dite de « troll ». Les trolls, ce sont ces gens qui vous répondent vigoureusement sur Twitter pour vous dire que votre article c’est de la merde, que vous êtes un vendu au pouvoir, voire un « collabo ». En fait, les trolls, plus largement, ce sont ceux qui ne pensent pas comme vous et/ou ne s’expriment pas comme vous. C’est une population que les journalistes ne voient plus sur internet. Ils existent, ils commentent sous tous les articles, mais on préfère ne pas les voir. Les gilets jaunes, c’est cela, c’est l’irruption des trolls dans l’action politique. Ces gens qu’on a négligés parce que leur parole était trop brute, trop loin de nos formats d’écriture qui sont aussi des formats de pensée. »

Chacun y lira ce qu’il voudra.